Le président français François Hollande a lancé vendredi à Bombay une opération séduction auprès des investisseurs et des industriels indiens, "invités" à venir en France pour stimuler des échanges économiques encore frileux.
"Nous sommes tous convaincus que l'Inde a un grand avenir, nous voulons y prendre notre part" et "nous sommes prêts", a-t-il lancé sans détours au terme d'une visite d'Etat de 48 heures, rendant un "hommage tout particulier" aux "grandes familles" d'industriels indiens, la dynastie des Tata et des Ambani.
Bombay, "c'est le coeur économique de l'Inde et je le sens battre à une vitesse rapide" sur cette "terre de tous les possibles", a-t-il enchaîné devant quelque 200 chefs d'entreprises réunis à l'hôtel Taj Mahal, un palace symbole des fastes de l'Inde dans une ville constellée de bidonvilles.
En France, a assuré François Hollande dans un entretien au quotidien à grand tirage The Times of India, les investisseurs indiens trouveront "les meilleures technologies, un bon niveau d'infrastructures, une main d'oeuvre de qualité exceptionnelle et en plus, au coeur de la plus grande économie du monde: celle de l'Europe".
Déséquilibrés au profit de l'Inde, les échanges commerciaux franco-indiens plafonnent, a-t-il cependant déploré, "à peine" à 8 milliards d'euros, "loin de l'objectif" de 12 milliards fixés par les deux pays lors de la première visite de son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, en 2008.
La France, déjà présente en Inde à travers 750 entreprises qui ont permis 250.000 emplois, peut mieux faire, a plaidé François Hollande qui était accompagné d'une cinquantaine de PDG français pendant sa visite.
Joignant le geste à la parole, le président français, adepte d'une "diplomatie économique" même s'il refuse d'apparaître en "VRP", a discrètement rencontré vendredi à New Delhi une quinzaine de membres du Conseil franco-indien des dirigeants d'entreprise, un club très sélect qui réunit le gotha de l'économie indienne. "Vous n'avez pas une fenêtre, toute la porte (de la France) vous est ouverte", leur a-t-il lancé.
François Hollande s'est voulu aussi porteur d'un message rassurant sur la santé de l'économie européenne et française: "la crise de la zone euro est terminée, la confiance est revenue, les investisseurs sont là et la monnaie européenne, est maintenant appréciée, parfois trop", a-t-il lancé à Bombay.
Avant cette première visite d'Etat en Asie, un haut responsable français s'inquiétait d'une "grille de lecture" des milieux d'affaires indiens sur l'Europe et la France "vue à travers les éditoriaux du Financial Times", jugés excessivement pessimistes à l'égard de l'euro.
Si l'Inde vise une croissance de 10% pour pouvoir "satisfaire les besoins considérables" d'une population de 1,2 milliard d'habitants, "nous en France, nous luttons pour que la croissance ne soit pas en-dessous de zéro" et "nous y parviendrons", a par ailleurs remarqué M. Hollande.
Pays émergents et européens ont ainsi selon lui un "intérêt commun" à faire de la croissance "leur priorité".
Jeudi le président français et le Premier ministre indien, Manmohan Singh, avaient fait état de "progrès" dans les négociations exclusives sur la vente de 126 avions de chasse Rafale à l'armée indienne, un mirifique contrat estimé à au moins 12 milliards de dollars.
"Des progrès ont été accomplis" dans la discussion avec New Delhi sur le projet de centrale nucléaire de Jaïtapur, où Areva pourrait construire deux réacteurs EPR, a-t-il également indiqué dans son interview au Times of India.
Aucun contrat d'envergure n'a toutefois été signé entre les deux pays au cours de cette visite.