L'élite financière mondiale a renoué cette année à Davos avec un certain optimisme, tempéré néanmoins par les risques d'une rechute qu'un relachement des efforts, concernant par exemple la finance internationale, ferait peser sur l'économie mondiale encore fragile.
"La pression à court terme a diminué mais elle est toujours là sur le long terme", a averti la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, devant un parterre d'hommes d'affaires et de responsables politiques, réunis dans cette station de ski suisse. Les risques sont toujours bien présents, dans la plupart des économies avancées, selon la patronne du FMI. "Je pense qu'il y a des menaces qui pointent à l'horizon si ces pays relachent leurs efforts de réformes", de peur d'accroître les tensions sociales, a-t-elle ainsi averti les participants à cette 43ème édition du Forum économique mondial (WEF).
"Les mesures politiques impopulaires peuvent pourtant être soutenues si elles sont simplement expliquées et si leurs effets sont également répartis pour éviter le sentiement d'injustice", a fait valoir sur ce point le président du Conseil italien Mario Monti, dans un discours devant le Forum.
Mme Lagarde a aussi mis en garde contre le risque social que les inégalités continuent de créer, après plus de cinq ans de crise. "Des inégalités trop fortes sont nuisibles à la croissance, elles sont nusibles à l'ensemble de la société", a averti Mme Lagarde.
Mais c'est surtout le relachement dans les efforts de régulation des banques et des institutions financières que Mme Lagarde redoute. "Finir le travail des réformes du secteur financier est une priorité. Or, nous voyons déjà trop de signes de fléchissement", a déploré la directrice générale du Fonds.
Les banquiers, toujours fortement représentés à Davos, ont à nouveau été mis sur la sellete, lors de certains débats.
Le secteur bancaire est "trop gros, trop opaque et trop endetté", a ainsi résumé Paul Singer, pourtant patron d'Elliot Management, un fonds spéculatif (hedge fund).
"Je pense que les banques doivent tourner la page de la crise, beaucoup d'entre elles se portent bien, elles continuent à se développer et à prêter de l'argent", s'est défendu de son côté le patron de la banque d'affaires américaine JP Morgan, Jamie Dimon.
Si banquiers et régulateurs "font les choses correctement, on s'en sortira. Si nous ne le faisons pas, ça peut encore durer dix ans", a assuré M. Dimon, parfois agacé par les critiques exprimées à l'encontre des banquiers.
"Je pense que nous faisons les choses correctement, il y a tellement de désinformation", a-t-il lancé.
Une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement vont retrouver jusqu'à samedi, dans l'imposant centre de congrès de la station de ski, des centaines de grands patrons, économistes, experts et journalistes venus de toute la planète.
L'édition 2013 de ce Forum est surtout marquée par un retour au calme un an après les soubresauts vécus par une zone euro qui paraissait alors au bord de l'éclatement. "J'ai le sentiment que les circonstances dans lesquelles je m'adresse à vous aujourd'hui sont très différentes de celles d'il y a un an", s'est ainsi félicité M. Monti.
Le Premier ministre britannique David Cameron doit s'adresser jeudi aux quelque 2.500 participants de cette réunion de Davos, au lendemain de son très controversé discours sur l'Europe. La chancelière allemande Angela Merkel, habituée du Forum, prendra ensuite la parole.