Les Bourses mondiales ont continué de s'inquiéter vendredi des conséquences des difficultés financières de Dubaï, mais les places européennes et américaines ont échappé à un mouvement de panique, se distinguant des places asiatiques, qui ont plongé.
"Il n'est question que de Dubaï", a commenté Hugh Johnson, de Johnson Illington Advisors. "Cela crée de l'incertitude, et l'incertitude mène à la peur".
L'indice phare de Wall Street, le Dow Jones, qui avait fini mercredi au plus haut depuis octobre 2008, a abandonné 1,48%, et le Nasdaq, à dominante technologique, 1,73%.
Fermée jeudi en raison de Thanksgiving, Wall Street réagissait vendredi pour la première fois à la situation de Dubaï, qui avait fait vaciller ses homologues européennes et asiatiques la veille.
L'émirat a demandé mercredi un moratoire de six mois sur le remboursement des 59 milliards de dollars de dettes d'une de ses entreprises publiques-clés, Dubai World.
"C'est une petite crise financière, mais l'histoire nous dit que les petites crises financières peuvent devenir de grandes crises", a prévenu Hugh Johnson.
En baisse de plus de 2% dans les premiers échanges, le Dow Jones a réduit ses pertes au fil de la séance. Les 30 valeurs le composant ont fini dans le rouge mais "il n'y a pas de ventes panique", a observé Peter Cardillo, d'Avalon Partners.
"La perception (du marché) est que ce n'est pas une nouvelle crise (qui commence), mais une conséquence de la +vieille+ crise", a-t-il ajouté, estimant que "le vrai test" serait lundi.
La Bourse de Paris a rebondi vendredi, le CAC 40 gagnant 1,15%, rassurée par la faible exposition des banques aux difficultés financières de Dubaï qui avaient affolé les marchés la veille.
L'indice vedette a gagné 42,22 points pour s'inscrire à 3.721,45 points, dans un volume de transactions de 3,768 milliards d'euros.
Les autres places européennes ont également rebondi: Francfort a pris 1,27%, Londres 0,99% et l'Eurostoxx 50 1,13%.
Jeudi, le CAC 40 avait chuté de 3,41% --sa plus forte baisse journalière depuis avril-- après la révélation de graves difficultés financières de Dubaï.
En revanche, l'ensemble des Bourses asiatiques, Hong Kong en tête, ont clôturé en forte baisse non seulement en raison des craintes concernant Dubaï mais aussi en conséquence de la flambée du yen face au dollar.
L'indice Hang Seng de la Bourse de Hong Kong s'est effondré de 1.075,91 points, soit une dégringolade de 4,84%, à 21.134,50 points.
Séoul a terminé sur une chute de 4,69%, l'indice Kospi cédant 75,02 points à 1.524,50 points.
La Bourse de Shanghai a cédé quant à elle 2,36%, essentiellement en raison de la crainte que Pékin ne durcisse sa politique monétaire.
A Tokyo, l'indice Nikkei a abandonné 3,22% (301,72 points) pour finir à 9.081,52 points, conséquence de la flambée du yen face au dollar. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a cédé pour sa part 18,55 points (-2,24%) pour terminer à 811,01 points.
Le dollar a chuté brièvement sous la barre des 85 yens vendredi matin, et évolue depuis deux jours à son niveau le plus bas face au yen depuis 14 ans.
Le risque de faillite de Dubaï "a alimenté une crise de confiance alors que ressurgissent les craintes sur les excès de dette publique", a expliqué Xavier de Villepion, vendeur d'actions chez Global Equities à Paris.
Après la demande de moratoire de Dubaï, les agences de notation Standard & Poor's et Moody's ont abaissé leurs notations de tous les grands groupes de Dubaï.
Ailleurs en Asie, la Bourse de Taipei a fini en baisse de 3,21%, Sydney a chuté de 2,90% et Wellington de 1,05%. Manille a cédé 1,45% tandis que Bombay a ouvert sur un recul de près de 3,0%.
Les Bourses de Singapour, Kuala Lumpur et Jakarta étaient fermées vendredi pour cause de jour férié.