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Heuliez, en dépôt de bilan, espère être sauvé par un contrat avec Volkswagen

Publié le 08/04/2013 13:05
Mis à jour le 08/04/2013 21:00

L'équipementier automobile Heuliez, 300 salariés, a déposé lundi son bilan, victime de la crise du secteur et faute d'avoir pu obtenir un soutien financier direct de l'Etat, alors qu'il aurait été proche de la conclusion d'un contrat salvateur avec Volkswagen.

"La société Heuliez SAS a réuni aujourd'hui son comité d'entreprise afin de l'informer qu'elle va déposer une déclaration de cessation de paiements au tribunal de commerce de Niort", a-t-elle annoncé dans un communiqué, confirmant des informations de source syndicale.

Selon une source proche du dossier ayant participé pendant le week-end à des discussions pour tenter d'obtenir 1 à 1,5 million d'euros et éviter la cessation de paiement, aucune solution n'a pu être trouvée au cours de ce marathon impliquant notamment l'Etat, la société et le groupe Baelen Gaillard Industrie (BGI) auquel appartient Heuliez depuis juin 2010.

En 2012, les difficultés pour l'équipementier de Cerizay (Deux-Sèvres) s'étaient accumulées. "C'est un système fou. Les clients veulent le plus possible pour le moins cher possible, mais en-dessous du seuil de rentabilité", déclare à l'AFP Jean-Emmanuel Valade, syndicaliste de la CFE-CGC.

Plusieurs marchés prometteurs n'ont pas donné les résultats escomptés.

Ainsi, concernant les véhicules électriques, les clients avaient planifié des commandes de 38 millions d'euros, qui n'ont finalement atteint qu'un million d'euros, selon la direction. La Mia, qui devait sauver l'activité véhicule électrique d'Heuliez, n'a pas décollé, avec seulement 800 véhicules vendus, contre 12.000 escomptés.

Selon le syndicaliste, d'autres marchés ont été apportés par BGI, comme la fourniture de cabines d'engins de chantier, mais là encore avec des marges trop réduites.

En décembre l'activité aéronautique a été cédée à Eurocopter, mais cela n'a pas été suffisant.

Ni les syndicats ni la direction n'ont révélé le niveau d'endettement de la société qui a réalisé 35 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2012, mais en ce début du mois d'avril, la société, qui a déjà déposé le bilan deux fois (2009 et 2010), risquait de ne plus pouvoir payer les salaires de mars, versés normalement le 11 avril à ses 283 CDI et 12 CDD.

Pour sortir de l'impasse, il fallait un prêt ou un abondement par un actionnaire et à moyen terme une recapitalisation. Or, "en raison de l'endettement significatif d'Heuliez, dit une source proche du dossier, l'Etat n'était prêt à offrir cette garantie qu'à sa holding, BGI".

Mais cette dernière n'a pas voulu reprendre à son compte le risque, indique le syndicaliste, non sans souligner l'"amertume" des salariés.

"Le groupe BGI est arrivé au bout de sa capacité de soutien, rendant une nouvelle recapitalisation menée par BGI impossible à ce stade", a indiqué dans le communiqué François de Gaillard, représentant du président de Heuliez SAS.

En 2010 l'équipementier déjà en grande difficulté avait été racheté par BGI qui avait repris ses "activités historiques" (emboutissage, ferrage, assemblage, carrosserie).

Depuis près de 18 mois pourtant, Heuliez était en négociation avec Volkswagen en vue de la signature d'un contrat de fourniture de pièces détachées "origine constructeur" et pour des véhicules en fin de vie.

Selon M. Valade, sur quelque 120 candidats, Volkswagen en a gardé une douzaine - dont Heuliez - sur sa short-list, et les chances pour la société de se trouver parmi les quatre ou cinq fournisseurs retenus étaient fortes. "C'est un marché très important qui concernera non seulement des Volkswagen, mais aussi des Porsche ou encore des Audi", créateur d'emplois, dit-il.

Si le tribunal de commerce accepte le placement en redressement judiciaire, "tout va être fait pour qu'il y ait une reprise des activités et la capacité pour remporter le contrat", dit le député PS Jean Grellier, très mobilisé sur le dossier.

Selon la direction, deux repreneurs étrangers seraient intéressés, dont l'identité n'a pas été révélée. Le personnel se demande "à quelle sauce il va être mangé", dit le syndicaliste, qui aimerait notamment savoir si le ou les candidats sont "pilotés" par Volkswagen.

L'Etat et les collectivités locales "vont maintenir leur mobilisation et rechercher toutes les voies et moyens pour préserver l'outil industriel et le savoir faire sur le site", a assuré le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg dans un communiqué.

La présidente de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal, par ailleurs vice-présidente de la Banque publique d'investissements (BPI), n'a elle pas souhaité réagir lundi après-midi.

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