Trouver la perle rare lorsque l'on cherche un cuisinier, une aide à domicile ou un cadre informatique pose des difficultés croissantes, selon une enquête annuelle de Pôle emploi, qui relève par ailleurs des prévisions d'embauches par les entreprises supérieures en 2012 à celles de 2011.
Les intentions de recrutement des employeurs pour l'année 2012, mesurées fin 2011, sont en hausse de 4,3% par rapport à 2011, selon l'enquête Besoins en main-d'oeuvre réalisée avec le concours du Crédoc et publiée jeudi.
Pôle emploi fait état de plus de 1,6 million de projets de recrutements, que ce soit pour répondre à un surcroît d'activité ponctuel, créer un poste ou remplacer un départ, dans les entreprises privées et dans une partie du public.
Les plus gros bassins recruteurs se situent en Ile-de-France et autour des grandes agglomérations (Nantes, Bordeaux, Toulouse, Lyon, Marseille, Nice).
Un peu plus de la moitié des postes proposés sont des emplois durables (CDI ou CDD de six mois ou plus). Et comme en 2011, c'est l'hôtellerie-restauration, avec 14% des projets, qui constitue le premier vivier de recrutement.
Mais alors que le taux de chômage atteignait 9,8% (Dom compris) fin 2011, 43% des prévisions d'embauches butent en 2012 sur d'importantes difficultés de recrutement. Ainsi, 684.600 emplois potentiels pourraient ne pas trouver preneurs en 2012, soit une hausse de 5 points par rapport à 2011.
Dans les services aux entreprises, les tensions de recrutement concernent "à la fois des métiers avec des niveaux faibles de qualification et d'autres à très hauts niveaux comme ingénieurs, cadres d'études et R&D informatique", souligne à l'AFP Bernard Ernst, le directeur des études, statistiques et prévisions à Pôle emploi.
Les métiers tels qu'aide-ménagère ou aide à domicile arrivent en première position avec 66,6% des projets de recrutement jugés difficiles devant les ingénieurs ou cadres de l'informatique (62,3%).
Le top 15 des métiers
D'une année sur l'autre, le top 15 des métiers en tension varie peu: les cuisiniers et serveurs, les cueilleurs agricoles, les infirmiers et les animateurs sportifs manquent à l'appel dans les entreprises.
Mis à part les ingénieurs et les infirmiers, "le noyau dur des pénuries sont des emplois assez peu qualifiés avec un fort déficit d'image, et qui ont la particularité d'être assez mal rémunérés, de présenter des conditions de travail compliquées et d'avoir de gros besoins de recrutement, notamment dans les services à la personne, un secteur en forte progression", analyse Eric Heyer, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques.
"La conséquence, c'est que les recruteurs sont confrontés à un important turn-over parce qu'ils ont du mal à fidéliser leurs employés. En théorie, les salaires devraient donc s'ajuster à la hausse", fait remarquer le chercheur.
Mais pour expliquer cette difficulté à trouver la perle rare, les entreprises invoquent en premier lieu à plus de 80% l'inadéquation des profils aux postes et à 68% une pénurie de candidats, bien avant des difficultés liées aux conditions de travail (38%) ou des charges trop élevées et le manque d'aides à l'embauche (1,2%).
Pour contourner ces difficultés d'embauche, les entreprises se disent prêtes à former les candidats pour 60% d'entre elles alors que la part des chômeurs formés ne dépasse pas 10% chaque année.
Pour cette enquête, Pôle emploi a sollicité par courrier fin 2011 environ 1,6 million d'établissements (sauf fonction publique d'Etat), dont 390.000 ont apporté une réponse.