Le gouvernement britannique a présenté lundi avec enthousiasme un investissement de 15 milliards de livres dans le réseau routier, mais pourrait se montrer plus discret mercredi à l'heure d'évoquer le dérapage du déficit public.
"Je dévoile aujourd'hui le plus grand, le plus audacieux et le plus vaste programme routier depuis des décennies. Il va améliorer de façon importante notre réseau et libérer le potentiel économique de la Grande-Bretagne", a claironné le secrétaire d’État aux Transports, Patrick McLoughlin.
Le gouvernement du Premier ministre conservateur David Cameron a précisé que ces fonds correspondaient à plus d'une centaine de projets routiers pour la législature actuelle (2010-2015) et suivante (2015-2020), dont 84 "totalement nouveaux" selon lui.
Parmi ces plans figurent le creusement d'un tunnel routier à proximité du célèbre site préhistorique de Stonehenge (sud-ouest) et l'amélioration de la desserte de la région du Norfolk (est).
"Notre plan économique à long terme signifie que nous pouvons investir cette somme sans précédent de 15 milliards de livres (19 milliards d'euros, NDLR) pour améliorer la rénovation et l'extension de nos routes", s'est enthousiasmé le chancelier de l’Échiquier, George Osborne.
Effet d'annonce, a immédiatement dénoncé l'opposition travailliste. "Le gouvernement en est au moins à son troisième +plan+ d'investissement routier depuis 2013", a ironisé le secrétaire d’État au gouvernement "fantôme" du mouvement de centre-gauche, Michael Dugher, critiquant "beaucoup de paroles mais pas d'acte".
Une partie de la presse britannique a vu dans ce plan la volonté du gouvernement d'allumer un contrefeu supplémentaire, après une première annonce, dimanche, d'une rallonge de 2 milliards de livres (2,5 milliards d'euros) au budget du service public de santé (NHS). Les élections générales auront lieu dans moins de six mois et la polémique politique a en effet tendance à s'aiguiser.
- Déficit d'au moins 5% du PIB -
Mercredi, M. Osborne doit dévoiler le bilan d'étape de l'exercice budgétaire courant d'avril 2014 à mars 2015, qui devrait attester de l'échec du pouvoir à tenir sa promesse de disparition du déficit public - un engagement formulé par le gouvernement il y a quatre ans pour faire accepter une sévère cure d'austérité.
Les sept premiers mois de l'exercice ont enregistré un dérapage du déficit au-delà des limites prévues. "Si le déficit poursuit sur sa pente actuelle lors des cinq derniers mois, il dépassera de justesse 100 milliards de livres - contre 97,5 milliards pour l'exercice précédent", a calculé George Buckley, économiste chez Deutsche Bank.
D'après lui, l'Office de responsabilité budgétaire (OBR), l'organe semi-indépendant chargé de calculer les prévisions économiques officielles et les trajectoires des comptes publics, pourrait toutefois être un peu moins pessimiste en tenant compte d'une croissance vigoureuse.
Le produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni a progressé de 0,9% lors de chacun des deux premiers trimestres de cette année et encore de 0,7% au troisième.
"La prévision de déficit public de l'OBR devrait être proche du déficit de l'exercice précédent - soit juste sous les 5,5% du PIB", a prévu M. Buckley.
Lors de ses dernières prévisions de déficit budgétaire publiées début octobre, le Fonds monétaire international avait estimé à 5,3% celui du Royaume-Uni pendant l'année en cours, contre 4,4% pour la France et 5,5% pour les États-Unis. L'Allemagne pourrait dégager un excédent budgétaire de 0,3%.
Cette dérive des comptes publics britanniques s'explique, entre autres, par l'impact pour les recettes fiscales de la chute des prix du pétrole - qui pèse sur les revenus des gisements de mer du Nord - et la montée de la proportion des bas salaires parmi les employés.
Les autorités britanniques pourraient in fine devoir emprunter 75 milliards de livres de plus que prévu au cours des cinq prochaines années, selon les médias.