Alors que les effets de la crise tendent à s'atténuer chez les grandes économies mondiales, l'Afrique du Sud peine à sortir de la récession avec une reprise prévue au mieux en 2010, selon des analystes.
La plus puissante économie d'Afrique est entrée en récession en début d'année, la première depuis 17 ans, avec une contraction de 6,4% de son Produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre après une chute de 1,8% fin 2008. Au 2e trimestre, elle a continué à se replier de 3%.
"On commence à voir la fin de la récession. La chute au deuxième trimestre est moins importante qu'au premier", souligne Jac Laubscher, économiste du groupe sud-africain de services financiers Sanlam. Mais la reprise n'est pas pour autant attendue avant le deuxième semestre 2010, ajoute-t-il.
"Même si les indicateurs économiques semblent indiquer que le pire est probablement derrière nous et que l'économie locale va s'en sortir progressivement en fin d'année, la reprise sera sans doute lente", analyse l'une des plus grandes banques du pays, la Nedbank.
Entrée tardivement en récession en raison d'une intégration moins poussée dans le système financier international, l'Afrique du Sud est frappée de plein fouet par la baisse de ses exportations minières et industrielles, deux secteurs qui ont largement contribué à la forte croissance de ces dix dernières années.
Pour la firme de conseil Citi Group, le manque de réaction du gouvernement face à la crise est en cause.
"Les secteurs d'activité n'ont reçu aucune aide contrairement à d'autres pays dans le monde. Le rand (monnaie nationale) fort n'est en outre d'aucun secours pour les exportations", souligne un de ses économistes, Jean François.
La production industrielle a chuté de 22% au premier trimestre et de 10,9% au second.
Le secteur minier, coeur de l'économie sud-africaine, s'est stabilisé au 2e trimestre (+0,3%), après plus d'un an de baisse continue, mais les ventes de véhicules et l'immobilier poursuivent leur descente aux enfers, malgré le relâchement du coût du crédit.
Le cycle est alimenté par "la chute des bénéfices dans les entreprises et la déflation des prix de l'immobilier", qui entravent les capacités de l'industrie à contribuer à la reprise, assure la banque Absa.
Dans un pays où 40% de la population active est au chômage, selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la récession a en outre entraîné la suppression de 724.000 emplois en un an, coupant les chances d'une relance par la consommation.
Elu en mai, le président Jacob Zuma voit ses promesses de combat contre une pauvreté persistante difficiles à tenir. Ses premiers mois à la tête du pays ont été marqués par une série de grèves et de violentes manifestations dans les townships qui réclamaient un meilleur accès à l'eau potable, à l'électricité, aux centres de soins et à l'éducation.
Quinze ans après la chute de l'apartheid, 43% des 48 millions de Sud-Agricains vivent toujours avec moins de deux dollars par jour.
Plutôt que de soutenir les entreprises en difficulté, son gouvernement a opté face à la crise pour de grands projets de construction, alimentés par les préparations pour la Coupe du monde de football en 2010, et promet de créer des milliers d'emplois dans un secteur public carencé.
Mais l'Afrique du Sud dispose aussi d'une formidable planche de salut: le boom du tourisme et autres activités liées au premier Mondial africain, du 11 juin au 11 juillet prochains.