Le groupe suisse Petroplus, en proie à de graves difficultés financières, a annoncé vendredi l'arrêt provisoire de trois de ses cinq raffineries européennes (la française Petit-Couronne, la belge Anvers et la suisse Cressier), faute de liquidités pour acheter du pétrole.
Le raffineur a indiqué dans un communiqué que les négociations engagées avec ses banques allaient se poursuivre dans les prochains jours, après une première série d'entretiens jugés "ouverts et constructifs".
L'objectif de ces discussions est de débloquer l'argent nécessaire au fonctionnement du groupe, qui s'est vu refuser l'accès à une ligne de crédit de 1 milliard de dollars octroyée par 13 banques internationales.
A la suite de ce refus, annoncé le 27 décembre, l'action Petroplus a dégringolé à la Bourse suisse, les agences ont abaissé la note du groupe et de vives inquiétudes se sont manifestées quant à ses chances de survie.
Le ministre français de l'Industrie Eric Besson va rencontrer en début de semaine prochaine Jean-Paul Vettier, Pdg de Petroplus, a-t-il indiqué en début de soirée vendredi dans un communiqué commun avec le ministre l'Economie François Baroin.
Il s'agira de "faire le point sur la situation du groupe, et plus particulièrement, sur les perspectives concernant le site français de Petit-Couronne", près de Rouen, ont-ils précisé.
De son côté, la ministre de l'Ecologie et des Transports Nathalie Kosciusko-Morizet, a relevé auprès de l'AFP que l'Etat français allait s'assurer que Petroplus dispose toujours des "capacités techniques et financières" pour exploiter la raffinerie de Petit-Couronne.
Elle a précisé que le groupe avait jusqu'à lundi 08H00 pour répondre à cette demande formalisée dans un arrêté dit de prescription, pris vendredi par le préfet de Seine-Maritime.
Petroplus a souligné plus tôt dans un communiqué que le redémarrage des raffineries "dépendra de la disponibilité du crédit et des conditions économiques" en Europe.
"Cela sous-entend qu'il a trouvé les moyens d'acheter du brut pour les deux autres, Coryton en Grande-Bretagne et Ingolstadt en Allemagne", a analysé pour l'AFP Yvon Scornet, délégué CGT à Petit-Couronne.
"On ne sait toujours pas à quelle sauce on va être mangé, si on ferme ou si on va être maintenu", a affirmé M. Scornet. "Pour l'instant, on ne bouge pas, on continue le mouvement de blocage des produits finis qui nous servent de monnaie d'échange éventuelle", a-t-il ajouté.
Les salariés français ont obtenu que leurs salaires de décembre soient payés alors que cette question inquiétait nombre d'employés. "On s'est battu jusqu'à tard hier", a assuré Nicolas Vincent, lui aussi de la CGT.
Avec ses 2.500 salariés, Petroplus se présente comme le plus grand raffineur pétrolier indépendant du continent. Le groupe n'exerce que dans le raffinage, à la différence des grandes compagnies comme Shell, Exxon ou Total, présentes sur toute la chaîne pétrolière. Ses cinq usines représentent une capacité de traitement de 667.000 barils par jour.
Les trois banques françaises faisant partie du consortium se sont déclarées prêtes à financer le groupe suisse à condition que les autres banques suivent.
Petroplus, qui s'était développé à toute allure dans le raffinage ces dernières années en reprenant les installations de Shell ou BP, avait déjà fermé fin juin son site de Reichstett (France), qui employait 250 personnes.
A la Bourse suisse, l'action Petroplus a terminé vendredi en hausse de 6,10% à 1,74 franc suisse, après trois jours de baisse, qui lui ont fait perdre plus de la moitié de sa valeur.