L'Union européenne a défendu lundi la solidité des banques européennes après les propos de la patronne du FMI Christine Lagarde qui a préconisé leur "recapitalisation urgente", afin de restaurer la confiance des marchés et ainsi faciliter l'accès aux liquidités.
"Les banques européennes sont bien mieux capitalisées qu'il y a un an", a affirmé lundi le commissaire aux Affaires économiques Olli Rehn, renvoyant aux résultats des tests de résistance du secteur bancaire européen publiés cet été.
La directrice générale du FMI a estimé "urgent" vendredi de recapitaliser les banques européennes pour qu'elles soient "suffisamment solides pour faire face aux risques que représentent les dettes publiques et la faiblesse de la croissance".
"C’est essentiel pour mettre fin à la contagion", a-t-elle ajouté, considérant que "la solution la plus efficiente serait une recapitalisation substantielle obligatoire" avec des fonds privés, et des fonds publics "si nécessaire".
La Fédération bancaire européenne (FBE) a indiqué que des réformes "déjà en cours abordent le problème", évoquant l'entrée en vigueur à partir de 2013 des règles dites de "Bâle III" dans les pays du G20.
Selon cette réglementation, les banques devront disposer de fonds propres "durs" représentant 7% du montant des prêts qu'elles accordent à leurs clients, contre 2% actuellement.
Plusieurs grandes banques françaises ne cachaient pas leur étonnement après les propos de Mme Lagarde, qui n'a pas fait de différenciation entre établissements européens.
"Les banques françaises sont parmi les plus solides en Europe", relevait-on sous couvert d'anonymat chez l'une d'entre elles, faisant référence au satisfecit des tests de résistance.
La Fédération bancaire française (FBF) n'a pas souhaité commenter, renvoyant à une déclaration du 19 août dans laquelle elle soulignait que les niveaux de fonds propres des banques françaises étaient "bien supérieurs aux exigences réglementaires".
Le directeur général de Crédit Agricole SA Jean-Paul Chifflet avait écarté dès jeudi toute nécessité d'augmentation de capital. Il a également rassuré en matière de liquidités: son plan annuel est "bouclé à peu près à hauteur de 90%", avec des réserves disponibles de plus de 120 milliards.
Pour Pierre Flabbée, analyste chez Kepler CM, "il semble que l'idée de Christine Lagarde soit que pour rétablir le fonctionnement normal du marché interbancaire et l'accès des banques à la liquidité, la recapitalisation est une étape nécessaire".
"Ramener du capital serait donc le recours pour restaurer la confiance des marchés", a-t-il relevé, estimant que les banques visées et les montants nécessaires "mériteraient d'être clarifiés" par Mme Lagarde.
Un second analyste a regretté, sous couvert d'anonymat, le "mauvais" calendrier et l'absence de précisions de Christine Lagarde alors que le secteur se remet lentement des fausses rumeurs qui l'ont récemment fait plonger.
D'autant qu'il "n'y a pas de problème de liquidités dans la zone euro, et s'il y en avait un, la BCE est prête à intervenir", a-t-il relevé.
Plusieurs établissements ont par ailleurs remarqué qu'ils renforçaient déjà leurs fonds propres dans la perspective de l'entrée en vigueur de "Bâle III".
Chez BNP Paribas, par exemple, ils sont passés de 29 milliards d'euros à fin 2008, à 57,4 milliards au 30 juin 2011.
"Je ne crois pas que le risque soit spécifiquement sur les banques européennes", a estimé Jean Peyrelevade, président de Banca Leonardo France et ex-patron du Crédit Lyonnais, sur BFM Business.
Tant que le problème de surendettement des Etats "n'est pas réglé, il y a un doute sur la solidité de la zone euro proprement dite et donc des banques de la zone euro".