par Benjamin Mallet
PARIS (Reuters) - Technip enregistre lundi matin la plus forte hausse de l'indice CAC 40 à la Bourse de Paris après avoir renoncé à déposer une offre de rachat sur CGG, même si le groupe continue de vouloir se développer dans le domaine des études de gisements pétroliers.
Technip a annoncé dimanche qu'il n'avait finalement pas l'intention de faire une offre après avoir tenté sans succès de trouver avec CGG une alternative à son projet initial de rachat de 1,47 milliard d'euros, dévoilé le 20 novembre et rejeté par le spécialiste des services et équipements géophysiques.
Alors que des intervenants s'interrogeaient ces dernières semaines sur la logique industrielle de l'opération et redoutaient pour certains une surenchère coûteuse, l'action Technip gagne 6,43% à 49,19 euros à 11h20, après un plus haut à 50,49 euros.
Il s'inscrit largement en tête du CAC 40 (+0,7%) dans des volumes dépassant déjà ceux enregistrés en moyenne sur une séance complète ces trois derniers mois.
Le titre CGG plonge pour sa part de 31% à 4,763 euros dans des volumes représentant près de trois fois et demie ceux enregistrés en moyenne en une séance ces 90 derniers jours.
Il retombe ainsi à des niveaux proches de début novembre lorsque le projet de rachat de l'américain Baker Hughes par Halliburton et l'approche de Technip n'étaient pas connus.
"CGG devrait chuter lourdement puisqu'il est difficile de croire à un prédateur étranger étant donné que l'Etat français est un actionnaire clé du groupe avec environ 19% des droits de vote", a souligné un trader basé à Paris.
Pour Gilbert Dupont, l'annonce de Technip "devrait contribuer à dégonfler pour partie l'intérêt spéculatif dont a bénéficié" ces dernières semaines le titre CGG, qui devrait "revenir à ses fondamentaux, aujourd'hui dégradés par la forte baisse des prix du baril".
Technip a de son côté fait savoir lundi qu'il continuait de vouloir se développer dans le domaine des études de gisements pétroliers après l'échec de son projet de rachat de CGG.
"Evidemment, nous allons continuer à développer des technologies dans l'amont. Et plus nous pourrons arriver à construire une vision complète qui va du gisement au système de production, plus nous aurons une forte différenciation pour gagner des projets plus complets", a déclaré Thierry Pilenko lors d'une conférence téléphonique.
"La réaction du client a montré qu'il y avait beaucoup d'intérêt à ce que Technip combine les savoir-faire de production et les savoir-faire de gisements (...) J'ai reçu beaucoup d'encouragements pour que nous allions de l'avant avec cette stratégie", a-t-il ajouté.
PAS D'"INTERFÉRENCE" DE L'ÉTAT
Prié de dire comment Technip comptait se développer dans les études de gisements pétroliers, Thierry Pilenko a simplement souligné que son groupe pouvait le faire à travers des acquisitions et des alliances, mais aussi de manière organique.
Il a également jugé que le prix proposé à CGG "était le bon" et indiqué que les options alternatives au projet initial de Technip examinées avec CGG concernaient avant tout les études de gisements et non les acquisitions de données.
CGG, qui a réaffirmé dimanche "sa confiance dans la mise en oeuvre et dans la réussite de (sa) stratégie en tant que société indépendante", s'était inquiété des conséquences du projet de Technip de se séparer de la division Acquisition, dont l'activité consiste à mettre en évidence les réserves de pétrole.
Thierry Pilenko a en outre déclaré que l'Etat, bien que présent au capital des deux sociétés, les avait laissées négocier entre elles, "sans interférence".
Le PDG s'est également voulu rassurant malgré la chute des cours du pétrole survenue ces derniers mois, qui pourrait inciter les compagnies pétrolières à freiner leurs investissements.
"Notre carnet de commandes de près de 20 milliards d'euros nous procure une très bonne visibilité sur 2015 et au-delà, ce qui est assez remarquable dans le contexte actuel de notre secteur. En fait, c'est la meilleure visibilité que nous ayons jamais eue sur l'année suivante à ce stade."
Technip a par ailleurs annoncé lundi un accord avec la division allemande d'Air Liquide Global E&C Solutions en vue du rachat de ses activités liées aux technologies Zimmer pour la production de polymères, une opération de "plusieurs dizaines" de millions d'euros selon Thierry Pilenko.
(Avec Juliette Rouillon et Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Dominique Rodriguez)