La Belgique a subi un coup dur jeudi avec l'annonce de la fermeture de son usine automobile Opel à Anvers et le licenciement collectif des 2.600 salariés, une mesure qui provoque l'amertume dans le pays et intervient dans un climat social déjà agité.
"Nous avons l'intention d'arrêter la production dans quelques mois", a annoncé Nick Reilly, patron de la branche européenne de la maison mère américaine du constructeur, General Motors (GM), lors d'une conférence de presse à Bruxelles.
La fermeture devrait intervenir "quelque part vers le milieu de l'année, en juillet ou en juin", a-t-il précisé.
Les petits véhicules tout-terrains (SUV) dont la production avait été promise à Anvers en remplacement des Astra vieillissantes qui sortent actuellement de ses chaînes, seront finalement "fabriqués en Corée" du Sud, a indiqué M. Reilly.
Il ne voit pas d'autre solution pour le site: "la production de pièces automobiles à Anvers ne nous intéresse pas, ce n'est vraiment pas notre activité principale."
La fermeture d'Opel Anvers avait déjà été un temps programmée l'été dernier dans le cadre du projet de rachat d'Opel et de sa jumelle britannique Vauxhall par l'équipementier canadien Magna.
Un faible espoir avait ressurgi en novembre: GM s'était ravisé et avait décidé de conserver sa filiale européenne. Les salariés attendaient toutefois depuis des mois les détails d'une restructuration censée supprimer quelque 8.300 emplois sur près de 50.000 en Europe pour endiguer des surcapacités.
Tous les pays devront faire des efforts, mais la Belgique apparaît le seul confronté à une fermeture, d'où son amertume.
"Nous sommes considérés comme des vieux objets", s'est plaint Joeri, qui travaille pour Opel depuis 22 ans.
"C'est un drame total pour les travailleurs et l'industrie belge", a affirmé pour sa part à l'AFP Walter Cnop, du syndicat belge chrétien CSC. "Avec la sous-traitance, il faut multiplier par trois le nombre d'emplois menacés", dit-il.
Le responsable syndical a aussi dénoncé une décision "basée sur des éléments politiques et nullement économiques".
La petite Belgique voit ses pires craintes se matérialiser. Le pays redoutait depuis le départ d'être victime de la restructuration d'Opel, et a accusé plusieurs fois Berlin de faire pression pour qu'Anvers soit sacrifié plutôt que le site de Bochum en Allemagne, accusé pourtant d'être moins compétitif.
Les appels à la solidarité européenne, répétés jeudi par les syndicats belges, ont pourtant eu peu d'effets concrets.
Nick Reilly a reconnu que les salariés risquaient d'être "déçus" mais ajouté ne pas craindre de grèves. "Nous avons des voitures à leur faire produire et nous aimerions continuer le travail normalement", a-t-il ajouté.
La production continue bien pour l'instant, mais les syndicats bloquaient le site depuis mercredi après-midi et empêchaient les véhicules terminés d'en sortir. "C'est notre stock de guerre", a commenté M. Cnop.
La fermeture à Anvers risque de durcir encore un contexte social déjà troublé en Belgique.
Le brasseur AB Inbev est également confronté au blocus de trois usines par des salariés qui contestent la suppression d'un peu moins de 300 postes.
Le conflit, qui dure depuis deux semaines, commence à se ressentir sur les stocks des populaires bières Stella Artois, Jupiler, Leffe ou Hoegaarden dans les supermarchés et les bars du pays, mais aussi de ses voisins néerlandais, français ou Luxembourgeois.
La grogne touche aussi les pompiers, qui manifestaient jeudi pour un meilleur statut, et les gardiens de prison, en grève pour dénoncer leurs conditions de travail.