Pour sa dernière réunion de politique monétaire avant l'élection présidentielle, la banque centrale américaine (Fed) devrait se faire discrète mercredi et laisser les taux d'intérêt inchangés tout en signalant plus fermement la possibilité d'un relèvement en décembre.
Son Comité monétaire (FOMC) achèvera une réunion de deux jours mercredi en publiant un communiqué à 18H00 GMT, qui ne sera pas suivi d'une conférence de presse de sa présidente Janet Yellen.
La banque centrale a prévenu récemment à plusieurs reprises que l'économie américaine se rapprochait de ses objectifs d'inflation et de plein emploi et qu'une hausse des taux était pour "bientôt", selon les mots de son vice-président Stanley Fischer.
L'accélération de la croissance au troisième trimestre, à 2,9% en rythme annuel, contre 2,5% attendu par les analystes, a confirmé vendredi que le dynamisme de l'activité pouvait supporter un resserrement du crédit.
Le taux de chômage se situe à 5%, proche du plein emploi, tandis que l'inflation, selon l'indice PCE, affiche 1% sur un an et 1,7% sans les prix volatils de l'alimentation et de l'énergie, un baromètre que la Fed regarde de près. La banque centrale vise un objectif de 2% d'inflation qu'elle juge sain pour l'économie.
Mais, comme le soulignent plusieurs analystes, il n'y a pas non plus urgence, au vu des données économiques, à procéder à un tour de vis monétaire quelques jours avant le scrutin du 8 novembre.
"Avec les élections moins d'une semaine après la réunion, il est très peu probable que la Fed annonce un relèvement des taux mais je m'attends à ce que le communiqué fasse une allusion forte à une hausse en décembre", a affirmé Joel Naroff, économiste indépendant. "Le communiqué pourrait dire qu'+un relèvement d'ici la fin de l'année est possible+", assure cet expert.
Les taux évoluent actuellement entre 0,25% et 0,50% et n'ont été relevés qu'une seule fois depuis la crise financière de 2008, en décembre 2015, après sept ans de politique à taux zéro. Préserver des taux d'intérêt bas est censé soutenir la reprise en facilitant les investissements et la consommation.
- Du bruit pour rien -
Pour les marchés, une hausse des taux au jour le jour lors de la réunion de la Fed des 22 et 23 décembre a 74% de chances d'intervenir, au vu du prix des instruments financiers à terme. Les prédictions tombent à 10% seulement pour la réunion de mercredi.
"Il y a peu de chance qu'ils agissent avant l'ouverture des bureaux de vote car ce serait faire un grand bruit pour rien. On peut agir avant une élection seulement si c'est nécessaire et ça ne l'est pas", a commenté à l'AFP David Stockton, un ancien économiste de la Fed, membre du Peterson Institute for International Economics.
Alors que le candidat républicain Donald Trump a accusé la banque centrale de jouer le jeu des démocrates en maintenant des taux bas, la Fed s'est défendue d'être partisane. "La politique ne joue aucun rôle à la Fed", a martelé mi-septembre Janet Yellen, dont le Comité monétaire s'est montré très divisé sur la dernière décision de laisser les taux inchangés. Trois membres du FOMC avaient voté contre.
Dans le passé, la banque centrale a parfois pris des décisions monétaires qui lui ont été reprochées politiquement même si elles étaient d'abord dictées par l'environnement économique. George Bush père en a voulu à Alan Greenspan de ne pas avoir détendu le crédit plus vite lorsqu'il a perdu sa réélection en 1992.
En 1979 surtout, la main de fer de Paul Volcker, qui a drastiquement relevé les taux d'intérêt pour juguler une inflation galopante deux mois avant la tentative de réélection de Jimmy Carter, a fortement contribué à l'échec d'un retour du président démocrate.