Le fonds d'investissement américain HIG s'est porté candidat lundi à la reprise partielle de l'usine Molex de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne) sous les auspices du ministre de l'Industrie, sans satisfaire vraiment les salariés en lutte depuis près d'un an.
"Je suis heureux d'annoncer qu'Olivier Boyadjian du fonds d'investissement HIG est porteur" d'un projet "d'une activité industrielle sur le site de Villemur", spécialisé dans la connectique automobile, a annoncé Christian Estrosi, lundi après une rencontre à Bercy avec des représentants des 283 salariés et le repreneur.
La signature devrait intervenir "d'ici quelques heures" avec la direction de Molex, a-t-il précisé. "Pour l'instant on est candidat, mais l'accord n'est pas finalisé", a indiqué en début de soirée le service communication de HIG.
Selon M. Estrosi : "Molex cède l'usine à HIG pour un euro symbolique avec les machines et les moules des produits en fin de vie. Molex garantit pendant deux ans un chiffre d'affaires d'environ 2 M EUR à HIG. Molex apporte 5,4 M EUR en cash. Et l'Etat s'engage sous la forme d'un prêt de 6,6 M EUR pour garantir les investissements à réaliser".
Le fonds américain "pourrait recruter progressivement 50 à 60 personnes" pour "l'activité des prochains mois" et à terme permettre au site "de retrouver un nombre de salariés équivalent ou mieux", selon le ministre.
"Ce n'est pas une fin d'activité, c'est une reprise d'une partie de l'activité et une diversification", a assuré M. Estrosi, fortement impliqué dans le dossier.
Dans un communiqué, HIG a assuré "avoir déjà l'expérience de ce type d'opération". "Nous mettrons tout en oeuvre pour trouver les meilleures diversifications commerciales qui permettront de pérenniser l'activité de ce site", a affirmé son président M. Boyadjian.
"Il est clair qu'il ne s'agira pas d'une reprise intégrale de l'ensemble des salariés", a précisé à l'AFP une source proche du dossier.
Le fonds a un bureau en France depuis 2007, avec une dizaine de personnes.
HIG intervient par exemple au sein du fabricant de présentoirs pour l'industrie de luxe DIAM, basé aux Mureaux (Yvelines).
Du côté des syndicats, l'enthousiasme n'était pas au rendez-vous : "On ne peut pas parler de projet, on apprend aujourd'hui qu'il y a un projet pour 15 à 20 personnes tout de suite et 50 à 60 d'ici la fin de l'année prochaine. Molex nous laisse les produits de fin de vie, ce n'est pas du tout ce qui correspond à la bataille des salariés de Molex", a déclaré Denis Parise (CGT), secrétaire du CE.
Calculant que deux millions de chiffre d'affaires représentent 15 salariés, Guy Pavan, délégué CGT a lancé : "On ne peut pas rendre un avis positif pour 15 personnes, qu'est-ce qu'on va dire au reste des 283 salariés ? Quelque chose ne va pas".
Selon M. Parise, les représentants feront un compte-rendu mardi à 08H00 aux salariés, avant un comité d'entreprise (CE) à partir de 10H00 à la préfecture de Haute-Garonne suivi d'une deuxième assemblée générale pour savoir si les salariés rendent un avis ou pas sur le plan social de Molex.
La direction de Molex, qui n'a pu être jointe, ne participait pas à la rencontre. Deux fois (4 août et 2 septembre), elle avait rompu les discussions avec un interlocuteur présenté par le gouvernement.
La société veut poursuivre son activité de connectique aux Etats-Unis et en Chine en gardant ses produits et ses clients français (PSA et Renault).
L'usine est provisoirement close depuis le 6 août. Le groupe avait annoncé le 23 octobre 2008 son intention de fermer. Les salariés se battent depuis, convaincus de la viabilité économique de leur site.