par Caroline Valetkevitch
NEW YORK (Reuters) - L'incertitude sur l'issue de l'élection présidentielle comme sur les perspectives d'évolution des taux d'intérêt, s'ajoutant à la baisse des résultats des entreprises, empêcheront Wall Street de progresser fortement d'ici la fin de l'année, estiment les investisseurs professionnels interrogés par Reuters.
L'indice Standard & Poor's 500 devrait finir 2016 non loin de son niveau actuel, limitant ainsi à 6% environ sa progression sur l'année, montrent les résultats de l'enquête. La médiane des prévisions des 40 responsables de stratégies d'investissement interrogés le donne à 2.173 points fin décembre contre 2.161,20 en clôture lundi.
Il a inscrit plusieurs records historiques en juillet-août et reste sur un plus haut de clôture de 2.190,15 points, le 15 août. Un niveau qu'il devrait parvenir à dépasser l'an prochain, montre l'enquête, qui lui prédit une progression de 6% environ en 2017, à 2.310 en fin d'année.
Ces prévisions sont un peu plus optimistes que celles recueillies en juillet, peu après la victoire des partisans du Brexit au référendum britannique du 23 juin sur l'Union européenne.
En matière d'incertitude, le duel entre Hillary Clinton et Donald Trump dans la course à la Maison blanche prend peu à peu le pas sur les préoccupations liées au Brexit, ce qui devrait se traduire par une augmentation de la volatilité jusqu'au scrutin du 8 novembre, notamment dans des secteurs comme l'assurance santé, la pharmacie et l'énergie, expliquent les investisseurs.
Il estiment à une écrasante majorité qu'une victoire d'Hillary Clinton serait plus favorable aux actions américaines qu'une élection de Donald Trump, au moins jusqu'à la fin de cette année. Déjà, l'avantage donné à la candidate démocrate à l'issue du débat télévisé du 26 septembre a eu pour effet de favoriser la hausse de Wall Street le lendemain.
CORRECTION DE PLUS DE 10% PEU PROBABLE
"L'incertitude politique est l'un des principaux facteurs pesant sur les actions", explique Brad McMillan, responsable de la stratégie d'investissement de Commonwealth Financial. "Si Mme Clinton gagne, les marchés croient savoir ce qu'elle fera, en bien comme en mal."
Une majorité des investisseurs interrogés jugent peu probable une baisse de 10% ou plus du marché américain au cours des douze prochains mois. Ils expliquent que la faiblesse des résultats financiers des entreprises et la possibilité de relèvements des taux de la Réserve fédérale plus nombreux qu'anticipé figureront parmi les principaux risques pour les actions au cours de l'année à venir.
"L'histoire montre que la première ou les deux premières hausses de taux de la Fed n'ébranlent pas les marchés. Mais il y a des gens qui disent que (...) cette fois-ci, c'est différent", souligne Tobias Levkovich, responsable de la stratégie actions américaines de Citigroup.
Au-delà de l'impact probable sur les actions d'une remontée des taux d'intérêt, le marché pourrait souffrir d'une dégradation des estimations de bénéfices des entreprises: les résultats du troisième trimestre, qui seront publiés dans les semaines à venir, devraient montrer un recul de 0,5% des profits du S&P 500 par rapport à l'an dernier, selon les données Thomson Reuters.
L'indice phare de Wall Street afficherait ainsi son cinquième trimestre consécutif de baisse des bénéfices.
(avec Chuck Mikolajczak, Sinead Carew, Noel Randewich et Lewis Krauskopf, Marc Angrand pour le service français, édité par Véronique Tison)