Le comité central d'entreprise d'Air France, qui affiche un déficit de trésorerie de sept millions d'euros pour finir l'année 2010, se rapproche d'une cessation de paiement que les élus tentent encore d'éviter, a-t-on appris jeudi auprès de la direction du CCE.
A l'issue d'une session mercredi des élus du CCE et des commissaires aux comptes, ces derniers ont décidé de poursuivre la procédure d'alerte déclenchée en juin et de transmettre le dossier au tribunal de grande instance de Bobigny.
"Cette communication ne devrait pas intervenir avant mardi ou mercredi prochain", a déclaré jeudi à l'AFP Jean-Claude Filippi, le secrétaire général du CCE, en soulignant "qu'à ce jour le CCE n'est absolument pas en cessation de paiement et qu'il y a encore des marges de manoeuvre pour l'éviter".
Une fois le tribunal de grande instance saisi, le président décidera si la déclaration de cessation de paiement est inévitable ou pas, et de l'éventuelle nomination d'un administrateur ou d'un médiateur.
"J'espère ne pas en arriver là", a commenté M. Filippi qui assure avoir une trésorerie suffisante jusqu'au 15 novembre.
Dans un communiqué, le CCE précise jeudi que "la direction générale d'Air France a confirmé qu'un premier versement de 24 millions d'euros au titre de la subvention 2011 aurait lieu au 15 janvier, ce qui garantit une trésorerie largement positive à cette date".
Un complément de 7 millions d'euros reste à trouver pour honorer les dépenses du CCE jusqu'à la mi-janvier, a expliqué M. Filippi.
Le budget 2010 du CCE s'élevait à 98,8 millions d'euros.
Les 24 millions d'euros qui doivent être versés par Air France en 2011 pour les activités sociales et culturelles représentent plus de la moitié de la subvention annuelle qui devrait s'élever en 2011 à environ 43 millions d'euros.
M. Filippi a aussi indiqué que le patrimoine du CCE a été évalué à 120 millions d'euros et que deux cessions d'actifs sont envisagées (une propriété en Charente-Maritime et un terrain près de Lorient) qui pourraient rapporter environ 4 millions.
Le CCE rappelle aussi avoir mis en place un plan d'économies en 2010 (politique d'achat améliorée, réduction des frais généraux et masse salariale, renégociation de contrats).
La situation financière du CCE d'Air France (250 salariés), qui gère les oeuvres sociales et culturelles pour les 50.000 salariés de l'entreprise, fait l'objet d'une enquête préliminaire pour la période 2007-2009.
En 2010, un audit avait mis au jour un déficit budgétaire cumulé de 15 millions d'euros depuis 2005, et débouché sur le renouvellement du bureau, jusqu'alors tenu par la CFDT.
En 2009, le CCE a enregistré 11,6 millions d'euros de perte, la plus forte de son histoire.
L'option d'un prêt hypothécaire pour assurer les besoins en trésorerie et le redressement des comptes n'a pas été retenue.
"Il va falloir réduire le train de vie du CCE et peut être se débarrasser de certains bâtiments", a commenté Cyril Jouan, délégué CFDT en mettant en avant le patrimoine du CCE (centres de vacances, etc.) et en déplorant que l'option du prêt hypothécaire n'ait pas été retenue.