La confirmation d'une croissance, même modeste, de l'économie des Etats-Unis en ce milieu de 3e trimestre, selon le Livre Beige, pourrait conforter la banque centrale américaine dans son intention de réduire son soutien exceptionnel à l'économie dès septembre, estiment certains analystes.
D'autres affirment toutefois qu'il faudra attendre la publication vendredi du taux de chômage en août pour se faire une opinion plus sûre, estimant que le Livre Beige est concocté à partir de données anecdotiques glanées dans les douze régions couvertes par les banques de Réserve fédérale (Fed).
Selon le Livre beige qui décrit l'état de l'économie américaine au cours des six semaines précédant le 26 août, l'activité a progressé à un rythme "modeste à modéré", une expression que la Fed emploie depuis plusieurs mois.
Le document note une hausse des dépenses de consommation dans la plupart des régions, tirées notamment par une "forte demande pour les automobiles et les biens d'équipements de la maison".
L'activité immobilière, qui est vue depuis plusieurs mois comme le secteur porteur de la reprise, s'est accrue "modérément" dans la plupart des districts, souligne aussi la Fed qui change à cet égard quelque peu son appréciation par rapport à la précédente livraison du Livre beige qui évoquait début juillet une "expansion modérée à forte" du secteur immobilier.
L'activité manufacturière a progressé "modestement" et les embauches "restent stables, voire en modeste hausse", tandis que la pression sur les salaires est contenue de même que la hausse des prix, dit encore le document.
La Fed scrute la conjoncture pour décider du moment opportun d'alléger son soutien à l'économie américaine en réduisant ses injections de liquidités qui s'élèvent actuellement à 85 milliards de dollars par mois. Son comité de politique monétaire (FOMC) se réunit les 17 et 18 septembre.
"Le degré d'importance qu'accorde la Fed à ces rapports régionaux anecdotiques pour déterminer sa politique monétaire n'est pas évident", affirme Erik Johnson, analyste pour IHS Global Insight. "Nous pensons que c'est le taux de chômage qui dictera la politique d'assouplissement monétaire de la Fed", ajoute cet économiste qui ne croit pas à une réduction du soutien exceptionnel de la banque centrale à l'économie avant la réunion du FOMC de décembre.
Il reconnaît toutefois voir dans les données du Livre Beige la confirmation que "les fondamentaux de l'économie sont solides".
Pour Cooper Howes de Barclays en revanche, malgré "le langage terne" du rapport --qui depuis plusieurs mois utilise l'expression "modeste à modérée" pour décrire l'expansion économique américaine-- la croissance décrite par le Livre Beige devrait conduire la Fed à réduire ses achats d'actifs dès septembre.
"Nous prévoyons que le FOMC allègera ses achats d'actifs à 70 milliards de dollars contre 85 milliards" aujourd'hui, affirme cet analyste.
John Williams, membre non-votant du Comité de politique monétaire et président de la banque de San Francisco, a prévenu mercredi à Portland "que le temps approchait où notre économie va atteindre par elle-même suffisamment de croissance pour se passer d'un stimulus monétaire supplémentaire".
Le Produit intérieur brut (PIB) américain a affiché une hausse de 2,5% en rythme annualisé au deuxième trimestre, témoignant d'une solide progression par rapport à la première estimation officielle (1,7%) et aux trois premiers mois de l'année marqués par une croissance morose (1,1%).
Le taux de chômage se situait en juillet à 7,4%, contre 7,9% six mois plus tôt.
La perspective de frappes en Syrie, mais aussi d'un bras de fer avec le Congrès sur le relèvement du plafond de la dette à la mi-octobre pèseront aussi de tout leur poids dans la prise de décision de la banque centrale de réduire son soutien exceptionnel à la reprise.