par Sarah White et Jesús Aguado
MADRID (Reuters) - BBVA a publié un revenu tiré des prêts meilleur que prévu au quatrième trimestre et la deuxième banque espagnole va s'employer à conserver cette dynamique au vu de la reprise de son marché intérieur et de l'accélération de la demande de crédits.
Une performance plus soutenue en Espagne durant le trimestre octobre-décembre, ainsi qu'au Mexique, qui reste son plus grand marché, a eu pour effet de faire croître les revenus.
BBVA, comme sa concurrente plus grande Santander, s'était appuyée sur l'Amérique latine lorsque les économies européennes fléchissaient mais elle veut à présent développer sa croissance en Espagne où les pertes sur créances tendent à diminuer.
Mardi, Santander, la première banque du pays avait annoncé des résultats légèrement inférieurs aux attentes, mais les investisseurs avaient apprécié les premiers effets de l'accent mis sur la reprise de l'octroi de crédits par la nouvelle direction de l'établissement.
BBVA l'avait emporté sur ses concurrentes locales en juillet lorsqu'elle avait racheté Catalunya Banc à l'Etat espagnol pour 1,187 milliard d'euros, captant ainsi de la clientèle dans la riche région catalane.
Le produit net des intérêts, soit les revenus tirés des prêts diminués des coûts financiers, a augmenté de près de 1,3% à 4,25 milliards d'euros, le meilleur solde trimestriel depuis deux ans et demi. Les analystes attendaient 3,8 milliards d'euros.
Les prêts bruts à la clientèle ont augmenté de près de 5% sur l'année et un tassement des coûts des dépôts a contribué à la formation des marges bien que des taux d'intérêt très bas dans la zone euro risquent de grever la rentabilité sur le long terme.
L'IMPACT DE LA BULLE IMMOBILIÈRE S'ATTÉNUE
Le bénéfice net est de 689 millions d'euros sur le quatrième trimestre, à comparer à une perte il y a un an, imputable à des charges liées à la réduction de son exposition en Chine. Les analystes financiers interrogés par Reuters avaient anticipé en moyenne un résultat net de 615 millions.
Sur l'ensemble de 2014, le bénéfice net de BBVA augmente de 26%, à 2,62 milliards d'euros. Comme les autres banques espagnoles, BBVA a recalculé ses comptes 2013 pour y intégrer des versements effectués au fonds de garanties des dépôts espagnol. Sans ce changement, la hausse du bénéfice net 2014 n'aurait été que de 17,5%.
Comme ses homologues espagnoles, BBVA a profité d'une baisse des provisions pour créances douteuses et irrécouvrables, les ravages causés par l'explosion de la bulle immobilière sept années durant commençant à s'atténuer.
Les pertes sur actifs douteux ont chuté de 22% en 2014 et les crédits non performants représentaient 5,8% de la totalité des crédits fin décembre contre 6,1% fin septembre.
La banque a dû toutefois inscrire de nouvelles charges au quatrième trimestre en raison de dépenses dans la banque numérique.
Comme Santander, BBVA est exposée à la volatilité des marchés émergents. En Amérique du Sud, le bénéfice 2014 a baissé de 18% en raison d'effets de change défavorables. Hors ces effets, le résultat aurait augmenté de 6%.
BBVA entend continuer à croître en Turquie, où ses résultats se sont améliorés et où la banque vient de porter à quelque 40% sa part dans Garanti, un acteur local.
Elle compte également dégager un ratio de fonds propres dur de l'ordre de 10% en fin d'année, suivant les critères de Bâle III, contre 10,4% fin 2014, la différence s'expliquant par l'impact d'acquisitions prévues cette année.
L'action BBVA gagne 3,8% en matinée en Bourse de Madrid, alors que l'indice des bancaires européennes gagne 0,2% dans le même temps.
(Benoît Van Overstraeten et Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Bertrand Boucey)