La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé qu'elle desserrait davantage ses conditions de prêt aux banques de la zone euro, dans ce qui apparaît comme une volonté de porter secours aux établissements espagnols.
"Le 20 juin, le conseil des gouverneurs de la BCE a décidé de nouvelles mesures pour améliorer l'accès du système bancaire aux opérations (de refinancement) de l'Eurosytème, afin de continuer à soutenir la fourniture de crédit aux ménages et aux entreprises non-financières", a indiqué l'institution de Francfort (ouest) dans un communiqué.
Le conseil de gouverneurs de la BCE a réduit son niveau d'exigence en matière d'obligations adossées à des actifs (ABS), que l'institution accepte déjà en échange de ses prêts, après une première décision en ce sens en décembre 2011.
En outre, il a décidé d'élargir la gamme des ABS acceptées à celles adossées à des crédits hypothécaires commerciaux (CMBS) notées A par l'Eurosystème (ce qui correspond au moins à A3 chez Moody's et A- chez Fitch ou Standard & Poor's), ainsi qu'aux crédits hypothécaires résidentiels (RMBS) et celles adossées à des crédits à des petites et moyennes entreprises (SMEs).
Depuis le début de la crise, la BCE n'a cessé d'alléger les conditions des garanties réclamées aux banques qui viennent s'alimenter à son guichet, dans l'objectif affiché de soutenir l'économie de la zone euro.
Sa dernière décision semble taillée sur mesure pour les banques espagnoles, dont la note de solvabilité risque de nouveau d'être dégradée après l'octroi d'une aide européenne destinée à suppléer à l'incapacité de Madrid à recapitaliser seul ses banques, frappées de plein fouet par l'éclatement d'une bulle immobilière.
Comme l'indiquait jeudi une source financière à l'AFP, les établissements de crédit espagnols disposent en effet de "crédits hypothécaires en quantité", dont ils pourront se prévaloir auprès de la BCE pour obtenir des liquidités au taux très avantageux de 1% au lieu de devoir solliciter le programme de financement d'urgence de leur banque centrale nationale (ELA), plus coûteux.
Les autorités espagnoles ont dévoilé jeudi les résultats des audits indépendants réalisés sur le secteur bancaire, qui chiffre ses besoins jusqu'à 62 milliards d'euros, un chiffre inférieur aux attentes du marché et aux 100 milliards proposés par la zone euro.
Le ministre espagnol des Finances Luis De Guindos a déclaré vendredi que son pays ferait officiellement sa demande d'aide à la zone euro lundi, lors d'une conférence de presse à Luxembourg.
En compensation de l'allègement de ses conditions de prêt, la BCE appliquera une décote plus forte aux nouvelles obligations acceptées à compter du 28 juin et de la publication légale de sa décision, afin de réduire les risques pris.
L'annonce de la BCE confirme aussi sa volonté de s'affranchir des évaluations des trois grandes agences financières mondiales, Moody's, Standard & Poor's et Fitch dont les analyses sont souvent mises en cause par les responsables politiques et monétaires européens.