Le rouble s'est effondré vendredi à des nouveaux records de faiblesse, malgré la forte hausse de taux annoncée la veille par la banque centrale pour enrayer la chute de la monnaie et la flambée des prix qui en résulte.
Depuis le début de l'année, la devise russe a perdu 36% de sa valeur face à la monnaie européenne et 42% face au billet vert, poussant les ménages à convertir massivement leurs économies en devises étrangères.
Dès le début des échanges de la Bourse de Moscou vendredi, l'euro a franchi 71 roubles avant de monter jusqu'à 72,13 roubles. Le dollar s'est envolé à 57 puis a touché 57,98 roubles.
La monnaie russe a ensuite très brusquement rebondi, suggérant selon les agences russes une intervention de la banque centrale pour mettre fin à l'incendie.
L'institution a changé le mois dernier sa politique, cessant d'intervenir systématiquement pour encadrer les mouvements de la monnaie, ce qui a coûté à la Russie environ 20% de ses réserves de changes depuis l'été 2013. Elle n'agit désormais que par surprise pour prendre de court le marché et punir les spéculateurs, dans les cas où elle juge la stabilité financière menacée.
Elle a ainsi dépensé depuis le début du mois 5,5 milliards de dollars pour soutenir le rouble, sans enrayer sa chute.
Le rouble pâtissait vendredi de la glissade continue des cours du pétrole, qui constitue avec le gaz la majorité des revenus budgétaires russes.
Il subissait aussi les conséquences "d'une certaine déception concernant la hausse du taux directeur de la banque centrale de seulement un point, ce qui est considéré comme trop prudent" sur le marché, ont commenté les analystes de la banque russe Alfa.
La Banque de Russie a relevé jeudi, pour la cinquième fois cette année, son taux directeur à 10,5%, contre 9,5% jusqu'à alors et 5,5% au début de l'année. Elle cherche ainsi en relevant le loyer de l'argent d'augmenter les rendements offerts par la monnaie russe et lutter contre l'inflation, qui devrait atteindre selon elle 10% à la fin de l'année.
Elle est cependant limitée dans sa marge de manoeuvre par la fragilité de l'économie, qui devrait se trouver selon le gouvernement en récession en 2015, car la hausse des taux d'intérêt risque de freiner davantage l'économie.