L'inflation dans la zone euro a de nouveau accéléré en avril pour s'établir à 1,9%, s'approchant de l'objectif de la BCE, selon une première estimation diffusée vendredi par l'Office européen des statistiques, Eurostat.
En mars, les prix à la consommation dans les 19 pays ayant adopté la monnaie unique avait atteint 1,5%.
Le chiffre d'avril est légèrement plus élevé que ce qu'attendaient les analystes interrogés par le fournisseur d'informations financières Factset, qui tablaient sur 1,8%.
Cette nouvelle accélération de l'inflation risque d'alimenter les pressions, pour beaucoup en provenance d'Allemagne, pour que la Banque Centrale Européenne (BCE) mette un frein à ses mesures rendant l'argent très bon marché.
En Allemagne, première économie de la zone euro, l'inflation a atteint 2% en avril, selon une statistique provisoire publiée jeudi.
Une inflation légèrement inférieure à 2,0% sur un an est considérée par la BCE comme un signe de bonne santé de l'économie, car il correspond selon elle à la définition de la stabilité des prix.
Cette accélération de l'inflation dans la zone euro en avril est toutefois due en grande partie à des effets saisonniers, soulignent les analystes.
En effet, cette année, le week-end de Pâques --qui fait généralement grimper les prix des séjours-- a eu lieu en avril et non en mars, comme l'an passé.
"La montée de l'inflation, revenue ainsi dans les clous de l'objectif de la BCE, est partiellement due à des effets saisonniers. Nous continuons de penser que la politique 'accommodante' de la BCE va se poursuivre", a commenté Jennifer McKeown, analyste de Capital Economics.
Comme attendu, le conseil des gouverneurs de la BCE a décidé jeudi de maintenir le cap de sa politique monétaire très interventionniste et de laisser ses taux directeurs inchangés, soit à leur plus bas niveau historique, auquel ils sont depuis plus d'un an.
L'inflation sous-jacente (hors énergie, produits alimentaires, boissons alcoolisées et tabac, qui exclut par conséquent les produits particulièrement volatils) a fortement accéléré dans la zone euro en avril: +1,2%, contre 0,7% en mars. Mais justement du fait du week-end de Pâques plus tardif.
Les analystes interrogés par Factset tablaient sur une hausse moindre: 1%.
"Il est peu probable que la BCE fasse trop de cas de cette forte remontée de l'inflation sous-jacente car elle est clairement due aux distorsions provoquées par le calendrier pascal", a commenté Howard Archer, chef économiste de IHS Markit.
Le président de la BCE avait estimé jeudi que la reprise économique en zone euro était "de plus en plus solide", tout en signalant que l'inflation devait encore se montrer résistante sur la durée.
Concernant les risques pesant sur la croissance en zone euro, la BCE considère qu'ils sont en train de se réduire mais sont toujours présents et liés principalement à des facteurs mondiaux.
La hausse des prix de l'énergie dans la zone euro était quasiment similaire en avril (+7,5%) qu'en mars (+7,4%). Ces derniers, qui reculaient encore en novembre 2016 (-1,1%), remontent depuis.