Le patron de la plateforme de réservation de logements en ligne Airbnb, Chris Lehane, s'est vivement opposé mercredi à la proposition "politicienne" d'un élu de Paris qui souhaite exclure le géant américain du centre touristique de la ville.
Maire adjoint de la municipalité, Ian Brossat s'est récemment prononcé pour l'interdiction pure et simple de Airbnb des quatre arrondissements du centre de la capitale française, l'accusant de contribuer à la crise du logement en incitant les propriétaires à louer à des touristes plutôt qu'à ses résidents.
"Je sais grâce à des sondages que nous sommes extrêmement populaires en France en général et à Paris en particulier", a réagi M. Lehane auprès de l'AFP, en marge d'une conférence sur le tourisme organisée par Airbnb au Cap (Afrique du Sud).
"Je comprends que certaines personnes souhaitent briguer des postes importants", a-t-il ajouté en référence à M. Brossat, chef de file du Parti communiste français (PCF) aux prochaines élections européennes de 2019.
"Je ne suis pas son consultant politique mais je lui fais remarquer (...) qu'engager un combat où 20% de l'opinion vous est favorable mais 80% opposée n'est pas gagnant politiquement", a insisté M. Lehane.
"La seule chose que nous demandons à l'entreprise c'est de respecter la loi française", a répliqué Ian Brossat. "Pourquoi Airbnb refuse-t-il d'appliquer la loi qui contraint la plateforme à retirer les annonces illégales ? Pourquoi Airbnb paye autant d'impôts en France qu'une boulangerie de quartier", s'est-il interrogé auprès de l'AFP.
Paris constitue le plus important marché d'Airbnb au monde, avec quelque 60.000 logements offerts sur sa plateforme.
Ian Brossat a dénoncé les effets pervers de ce succès, redoutant que Paris ne devienne un "musée à ciel ouvert" "Un logement sur quatre ne sert plus à loger des Parisiens", s'est-il alarmé.
Comme Paris, des villes comme Berlin, Barcelone et Amsterdam accusent Airbnb d'accentuer la crise du logement
En août, la ville de New York a pris un arrêté obligeant la plateforme à communiquer à la mairie la liste des transactions effectuées pour des logements dans la ville.
"Sur les deux dernières années, nous avons signé plus de 500 partenariats avec les autorités dans le monde", a plaidé Chris Lehane. "Nous avons aussi un cadre juridique en place à Paris".
"Je constate que dans certains endroits, des gens agissent en fonction d'intérêts politiques", a-t-il poursuivi, se prononçant pour une solution négociée qui "permette une redistribution plus équitable des bénéfices".
En réponse, l'élu parisien Ian Brossat a proposé "que les responsables d'Airbnb à l'échelle de la France ou du monde acceptent un débat public" pour poursuivre le débat.
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