Arianespace veut commercialiser dès cette fin d'année les services de la future fusée Ariane 6, dont le premier tir est attendu en 2020, et le Japon est perçu comme un gros client potentiel, a indiqué mardi à Tokyo Stéphane Israël, PDG de l'entreprise européenne.
Il s'est par ailleurs dit confiant dans l'issue positive concernant les modifications du tour de table d'Arianespace, avec la reprise des parts du Centre national d'études spatiales (Cnes) par la coentreprise Airbus (PA:AIR) Safran (PA:SAF) Lauchers (ASL).
"Notre ambition est de commencer à proposer Ariane 6 à partir de cette fin d'année car faire voler Ariane 6 en 2020 est un objectif-clef", a insisté Stéphane Israël lors d'une conférence de presse dans la capitale nippone où Arianespace a un bureau depuis 30 ans.
"Nous voulons proposer à nos clients la fusée la plus compétitive, avec des coûts inférieurs de 40% à 50% à ceux d'Ariane 5, mais qui soit bien sûr aussi ouverte aux améliorations et innovations", a détaillé le PDG.
"Nous pensons que le Japon sera un gros client pour Ariane 6 car nous avons un bon passé ici et c'est une bonne voie pour encourager nos partenaires à suivre. Nous serions très heureux qu'un client japonais soit un des tout premiers à monter dans Ariane 6", a confié M. Israël à l'AFP en aparté.
Arianespace a lancé 75% des satellites commerciaux japonais (soit 27 au total jusqu'à présent), avec un premier tir effectué en 1989. Deux autres placements en orbite de satellites nippons sont prévus cette année, puis un en 2017.
"Nous avons prouvé la fiabilité d'Ariane et ce sera un élément-clef pour convaincre les clients japonais, au côté de l'innovation et de la compétitivité. Nos clients japonais ont aimé Ariane 5, et nous pensons qu'ils aimeront aussi Ariane 6", a résumé le PDG.
Arianespace prévoit une phase de transition sur trois ans entre les deux lanceurs Ariane 5 et 6 (période pendant laquelle les deux fusées oeuvreront en parallèle, entre 2020 et 2023), deux fois moins qu'entre Ariane 4 et 5.
"Nous voulons offrir une certaine souplesse aux clients pour qu'ils aient alors le choix entre les deux", a précisé M. Israël à l'AFP.
Le Japon prépare lui aussi une nouvelle fusée pour 2020, la H-3 conçue par l'agence spatiale Jaxa et le groupe Mitsubishi Heavy Industries (MHI), ce qui, pour M. Israël, "montre que la concurrence se renforce et rend encore plus important pour Arianespace le fait d'avoir un nouveau lanceur prêt pour 2020".
"Nous avons notre propre stratégie, nous n'imitons pas les autres et nous sommes sûrs qu'Ariane 6, qui existera en deux versions (missions gouvernementales et missions commerciales), est parfaitement adaptée aux évolutions du marché", a expliqué le dirigeant, interrogé sur les développements de la concurrence, comme SpaceX qui s'oriente vers les lanceurs en partie réutilisables.
S'agissant de la réorganisation en cours, M. Israël a souligné l'importance, pour le succès d'Ariane 6, du plan proposé d'acquisition des parts du Cnes dans Arianespace par Airbus Safran Launchers (ASL).
Il s'agit de donner à ce dernier un contrôle sur les volets industriel et commercial, "d'autant plus légitime qu'ASL va investir 400 millions d'euros dans le développement du lanceur".
La Commission européenne a ouvert une enquête sur cette opération, conformément au règlement européen sur les concentrations.
"Il s'agit d'un processus normal", estime M. Israël: "nous pensons que les choses vont aboutir d'ici à cet été, car chacun est bien conscient que l'enjeu est la réussite d'Ariane 6 et tous les acteurs veulent un lanceur couronné de succès".