Si les salariés payés au Smic voient dans le cas général leur salaire augmenter, 13% restent au salaire minimum au bout de 5 ans, plus souvent des femmes, des ouvriers ou des employés, selon une étude publiée jeudi par la revue "Economie et statistique" de l'Insee.
Quand on perçoit le Smic, est-ce "une situation transitoire ou au contraire durable?" Pour répondre à cette question, des chercheurs de la direction statistique du ministère du Travail ont étudié les déclarations annuelles obligatoires des entreprises et suivi pendant cinq ans des groupes de salariés payés au voisinage du Smic horaire entre 1995 et 2003.
Ils concluent qu'au bout de cinq ans 65% des salariés encore en emploi dans le champ étudié (salariés hors agriculture, agents de l'Etat ou des collectivités territoriales) ont évolué vers un salaire supérieur, 13% sont restés au niveau minimal de rémunération et 22% ont fait des "allers-retours" entre Smic et salaires supérieurs.
Les salariés ayant évolué vers un salaire supérieur représentent "la trajectoire la plus fréquente". Plus de 3 fois sur 4, ces personnes sont restées dans la même entreprise et il s'agit plus fréquemment de salariés à temps complet.
Les salariés stagnant au voisinage du Smic sont en général plus âgés et sur le marché du travail depuis plus longtemps que la moyenne des salariés au voisinage du Smic au départ. Près d'un tiers ont plus de 5 ans d'ancienneté dans l'entreprise (contre 19% de l'ensemble des salariés au Smic au début de l'analyse).
Les employés sont "nettement surreprésentés" et les ouvriers "ont la plus grande probabilité" de rester durablement au Smic. Il s'agit plus souvent de femmes (72% pour ce groupe contre 60% pour l'ensemble du panel) et de personnes travaillant à temps partiel.
Par ailleurs, selon une autre étude publiée également jeudi par l'Insee, le revenu disponible réel des ménages au Smic a progressé entre 1999 et 2012 plus rapidement que le salaire minimum réel, plus de 10% contre 7%.
Le revenu disponible inclut salaire, prestations sociales et dispositifs de soutien à l'emploi, comme Revenu de solidarité active (RSA) ou prime pour l'emploi (PPE).
"La création de dispositifs visant à soutenir les revenus des salariés modestes - PPE en 2011, puis RSA en 2009 - a joué un rôle déterminant dans cette progression", expliquent ses auteurs.