par Costas Pitas
LONDRES (Reuters) - Aston Martin a annoncé mercredi son intention de s'introduire en Bourse, ce qui illustrerait le redressement du célèbre constructeur de voitures de sport, dont la valorisation pourrait atteindre cinq milliards de livres (5,5 milliards d'euros).
La société fondée il y a 105 ans, dont la fameuse DB5 a été immortalisée par James Bond, deviendrait le premier constructeur à rejoindre la Bourse de Londres depuis des années, des marques emblématiques comme Jaguar et Bentley ayant été cédées à des groupes étrangers.
En entrant en Bourse, Aston Martin imiterait sa rivale Ferrari (NYSE:RACE), cotée à Wall Street depuis 2015.
Le constructeur britannique, qui a augmenté ses volumes de production et élargi sa gamme, a réalisé l'an dernier son premier bénéfice depuis 2010 après avoir connu sept dépôts de bilan.
Son introduction en Bourse (IPO) pourrait valoriser le groupe jusqu'à cinq milliards de livres, selon des sources approchées par Reuters.
Aston Martin a précisé que l'IPO prévoyait une vente de titres par ses principaux actionnaires actuels, des groupes de capital-investissement koweïtien et italien, avec la mise sur le marché d'au moins 25% du capital.
La société a également l'intention de proposer une émission primaire d'actions à la Bourse de Londres à laquelle ses employés et ses clients pourront participer.
Le fonds italien Investindustrial, le koweitien Investment Dar et l'allemand Daimler (DE:DAIGn), qui détient 5% du capital, resteront au capital après l'IPO.
Aston Martin a précisé avoir déposé un document d'enregistrement auprès de la Financial Conduct Authority (FCA), l'autorité britannique de régulation financière, une démarche obligatoire pour les sociétés envisageant une IPO.
En attendant une décision définitive, le groupe, dont les voitures peuvent valoir des centaines de milliers de livres, précise qu'il publiera un prospectus autour du 20 septembre.
LE MOMENT OPPORTUN
Aston Martin vend environ 25% de ses voitures dans des pays de l'Union européenne, à partir d'une seule usine située à Gaydon, dans le centre de l'Angleterre, en attendant la mise route d'une seconde, en 2019 au Pays de Galles.
Le constructeur laisse entendre depuis des années qu'il va s'introduire en Bourse mais son directeur général, Andy Palmer, juge que le moment est venu pour son groupe, qui entre dans une nouvelle phase de croissance et s'apprête à faire son entrée sur le marché du SUV.
Il espère boucler l'opération cette année, alors même que la Première ministre britannique, Theresa May, cherche à négocier un accord de sortie de l'Union européenne.
"Nous pouvons démontrer que le Brexit n'aura pas d'impact majeur pour nous", a dit Andy Palmer à Reuters. "S'il y a un droit de douane pour l'Europe, ce sera contrebalancé par un tarif pour le Royaume-Uni pour nos concurrents, ce qui signifie que si on perd un peu de part de marché dans l'Union européenne, on en gagnera au Royaume-Uni."
Aston Martin, qui veut écouler 6.200 à 6.400 véhicules sur l'ensemble de l'année, espère retrouver en 2019 les quelque 7.300 ventes réalisées en 2007, juste avant la crise financière.
Après la crise, le groupe s'était endormi pendant plusieurs années, ne parvenant pas à investir dans de nouveaux modèles malgré la baisse de ses ventes et passant l'essentiel de l'année 2014 sans patron avant la nomination d'Andy Palmer.
Depuis sa nomination, les grands actionnaires de la société ont investi 200 millions de livres pour la mise à jour de la gamme de modèles, la production de nouveaux véhicules électriques et un premier SUV, qui doit sortir l'an prochain.
La société a publié mercredi un bénéfice semestriel ajusté avant impôts de 42 millions de livres, avec un chiffre d'affaires en hausse de 8% à 445 millions de livres, grâce à une forte demande pour ses modèles DB11 et Volante.
Aston Martin vise une production de près 10.000 véhicules à compter de 2020.
(Claude Chendjou et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Patrick Vignal)