par Jan Strupczewski et Michelle Martin
ATHENES/BRUXELLES/BERLIN/LISBONNE (Reuters) - Le temps presse pour que la Grèce parvienne à conclure un accord avec ses créanciers internationaux mais cela reste possible, si Athènes présente des contre-propositions crédibles, a déclaré vendredi le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombrovskis.
"La balle est clairement dans le camp grec, un accord est possible et nécessaire dans les tout prochains jours", a-t-il déclaré à la presse à Lisbonne.
Ces propos font écho à l'optimisme affiché vendredi à Athènes, alors que l'éventualité d'un défaut de la Grèce a été évoquée la veille pour la première fois en haut lieu au niveau européen.
La Grèce doit trouver un terrain d'entente avec ses bailleurs de fonds avant le 30 juin, date de l'expiration du plan d'aide international en cours et d'une échéance de 1,6 milliard d'euros de dettes à régler au FMI.
Un responsable grec a annoncé vendredi que les discussions avec les créanciers, interrompues jeudi soir par le départ de Bruxelles des négociateurs du Fonds monétaire international (FMI), reprendraient samedi dans la capitale belge. Il a précisé que le Premier ministre grec Alexis Tsipras s'était entretenu au téléphone avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, pour évoquer la suite des discussions.
La Grèce, qui espère un accord d'ici à la réunion des ministres des Finances de la zone euro du 18 juin, s'est déclarée prête à soumettre de nouvelles propositions centrées sur les questions budgétaires.
Cette initiative a été favorablement accueillie côté européen.
"Nous avons vraiment besoin d'une proposition crédible de la part des Grecs. Ce qu'il faut maintenant c'est de la volonté politique, les autorités grecques doivent faire un dernier effort", a déclaré Valdis Dombrovskis.
"LA BALLE EST DANS LE CAMP GREC", DIT JUNCKER
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a lui aussi jugé que "la balle est dans le camp grec".
Face à la date butoir du 30 juin, la zone euro se prépare cependant à toutes les éventualités et la possibilité que la Grèce fasse défaut a pour la première fois été évoquée jeudi soir par des responsables européens.
Lors d'une réunion à Bratislava, des hauts fonctionnaires européens ont envisagé trois scénarios: un accord la semaine prochaine, une nouvelle extension du programme d'aide actuel et un défaut de la Grèce.
"Pour la première fois, il y a eu une discussion sur un 'plan B' pour la Grèce", a précisé un responsable.
La Grèce risque de se trouver en situation de défaut de paiement dans quelques semaines seulement si aucun accord ne se substitue au plan d'aide qui prend fin le 30 juin.
De leur côté, les banquiers centraux de la zone euro n'excluent pas de retirer les financements d'urgence (ELA) consentis aux banques grecques faute d'accord.
L'incertitude persistante concernant la dette grecque a une nouvelle fois pesé sur les marchés vendredi. Les Bourses européennes ont clôturé en net recul et effacé leurs gains de la semaine.
La Bourse d'Athènes, qui avait fini en hausse de près de 8% jeudi avant l'annonce du départ des négociateurs du FMI, a terminé vendredi sur un plongeon de 5,92%, ce qui a porté son recul hebdomadaire à 1,5%.
Certains économistes estiment qu'un compromis reste possible mais qu'Athènes devra bientôt choisir entre accepter les conditions posées par ses créanciers et une sortie de la zone euro.
"Nous nous rapprochons (...) du scénario 'à prendre ou à laisser'", résume Derek Halpenny, de Bank of Tokyo-Mitsubishi. "Mais à mon avis, personne n'est encore prêt à miser sur l'hypothèse du 'Grexit'. On s'attend toujours à ce qu'un accord soit conclu."
(Avec Angeliki Koutantou, Renee Maltezou, George Georgiopoulos et Karolina Tagaris à Athènes, Axel Bugge à Lisbonne; Marc Angrand et Myriam Rivet pour le service français, édité par Bertrand Boucey)