Plusieurs employés d'un supermarché cubain ont été licenciés pour avoir vendu 15.000 pommes à un seul client, dans un pays frappé régulièrement par les pénuries d'aliments.
La vente a été révélée la semaine dernière par le blog d'un journaliste cubain, qui en a été témoin dans un supermarché de La Havane. L'information avait été reprise dans la presse officielle et vendredi le quotidien d'Etat Granma a publié la sanction contre les salariés impliqués.
"Organisés de façon quasi-militaire et dans l'indifférence complice des employés, un peloton de jeunes costauds a fait son apparition (...) et, en quelques minutes à peine, ils ont acheté 15.000 pommes (150 caisses de 100)", racontait le blog, tenu par le journaliste Iroel Sanchez, qui a précisé que toute cette cargaison était destinée à un seul client.
L'acheteur a payé l'équivalent de 45 centimes de dollars par pomme, selon les reçus accompagnant le texte du blog.
Dans un contexte de pénuries récurrentes de certains produits à Cuba - des fruits aux bières en passant par le lait ou le beurre - il n'est pas rare qu'un commerçant achète un gros stock de denrées pour les revendre ensuite au détail, plus chères.
"Ce n'est pas parce que c'est fréquent que cela doit nous sembler normal que des ressources soient ainsi accaparées, alors qu'il y a pénurie de produits", souligne le quotidien Granma vendredi, qui indique que huit employés du supermarché ont été licenciés.
Le magasin appartient à la corporation Cimex, de capitaux publics cubains mais soumise à la législation des activités privées.
Cuba importe la quasi-totalité des aliments consommés par ses 11 millions d'habitants, dont les pommes, selon le site officiel Cubadebate.
"Pour beaucoup, le manque d'approvisionnement des magasins et l'absence de marché de gros favorisent l'apparition de ce genre de phénomène", souligne Granma.
L'île cherche à réformer son modèle économique, d'inspiration soviétique, et s'apprête à reconnaître, dans sa nouvelle Constitution, le marché, la propriété privée et l'investissement étranger comme complément à son système d'Etat.
Et pour tenter d'améliorer l'offre en produits alimentaires, le gouvernement a récemment allongé la surface et le délai d'exploitation des terres octroyées aux agriculteurs cubains.