par Benjamin Mallet et Geert De Clercq
PARIS (Reuters) - EDF (PA:EDF) a annoncé jeudi une réflexion sur le plan stratégique de sa filiale en charge du réseau français de transport d'électricité RTE, accréditant ainsi l'hypothèse d'une ouverture du capital de la société.
L'électricien public, qui a publié un chiffre d'affaires en hausse de 2,8% au titre des neuf premiers mois de 2015, a en outre confirmé ses objectifs annuels et annoncé le versement d'un acompte sur dividende avec une option de paiement choisie par l'Etat français, qui détient 84,5% du capital.
Alors que les analystes s'interrogent sur les modalités de financement de ses investissements dans le parc nucléaire français et dans le projet d'EPR britannique d'Hinkley Point, EDF n'a pas formellement annoncé à ce stade d'éventuelles cessions d'actifs.
Il a toutefois souligné jeudi sa participation "à la définition du plan stratégique" de RTE, qui exploite le premier réseau de transport d'électricité d'Europe avec environ 105.000 kilomètres de lignes et dont l'ouverture du capital est un serpent de mer depuis plusieurs années.
Cette annonce intervient alors que François Brottes, ex-président de la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, a pris la présidence de la société le 1er septembre.
"Nous détenons 100% de RTE mais nous ne contrôlons pas la société pour des raisons réglementaires", a rappelé le directeur financier d'EDF, Thomas Piquemal, lors d'une conférence téléphonique avec les analystes. "RTE a désormais une nouvelle équipe de direction et bien sûr nous prendrons notre part dans le développement de la stratégie à long terme", a-t-il ajouté.
Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron avait indiqué à l'automne 2014 que le gouvernement souhaitait ouvrir le capital d'entreprises publiques de réseaux pour leur permettre de financer des projets et des investissements.
Bien qu'elle soit une filiale à 100% d'EDF, RTE est autonome en matière de gouvernance, d'investissements et de stratégie, conformément à la réglementation européenne.
La loi impose en outre que la totalité de son capital soit détenue par EDF, l'Etat ou d'autres entreprises ou organismes appartenant au secteur public.
EDF a fait savoir qu'il visait toujours pour 2015 un résultat brut d'exploitation (Ebitda) en croissance organique de zéro à 3% et a renouvelé son ambition de générer un flux de trésorerie (cash flow) positif en 2018 après dividendes (hors projet du compteur "intelligent" Linky), soulignant toutefois qu'il actualisait "sa trajectoire moyen terme" comme chaque année.
Le groupe a enregistré à fin septembre des ventes de 53,8 milliards d'euros. Elles intègrent un effet périmètre de 3,1 millions d'euros lié principalement à la prise de contrôle des activités de Dalkia en France en juillet 2014, ainsi qu'un effet de change favorable de 1,8 million dû essentiellement à la dépréciation de l'euro par rapport à la livre sterling.
A périmètre et changes constants, le chiffre d'affaires recule de 2,1%.
En France, la production nucléaire s'élève à 306,3 térawatts/heure (TWh), en hausse de 1,2 TWh, grâce à la maîtrise des durées d'arrêts programmés, et EDF dit prévoir une production nucléaire 2015 dans le haut de la fourchette de 410 à 415 TWh.
Un acompte sur dividende de 0,57 euro par action sera versé avec une option de paiement en actions nouvelles que l'Etat s'est engagé à choisir, ce qui évitera à EDF une sortie de cash de 896 millions d'euros.
L'action EDF, pour laquelle Goldman Sachs a par ailleurs abaissé sa recommandation d'achat à neutre, reculait de 4,33% à 16,665 euros vers 10h00, accusant la deuxième plus forte baisse du CAC 40.
Le groupe a par ailleurs conclu fin juillet un accord avec Areva (PA:AREVA) en vue de racheter 51% à 75% de l'activité réacteurs du groupe nucléaire (Areva NP) sur la base d'une valorisation de la société de 2,7 milliards d'euros, l'entrée d'investisseurs minoritaires au capital étant également envisagée.
L'offre ferme d'EDF, dans ce cadre, est prévue pour la fin novembre.
(Avec Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)