BORDEAUX (Reuters) - Des viticulteurs bordelais des appellations Sauternes, Barsac et Graves et leurs organismes professionnels vont saisir le Conseil d'État contre le projet de ligne à grande vitesse (LGV) au sud de Bordeaux, a-t-on appris mardi de source professionnelle.
La Fédération des grands vins de Bordeaux (FGVB), qui regroupe 60 appellations et près de 6.000 viticulteurs, l'Organisme de défense et de gestion (ODG) de Sauternes et Barsac, et celui des Graves, ainsi que des viticulteurs à titre personnels engageront ce recours collectivement.
Ils contestent la déclaration d'utilité publique (DUP) signée par le gouvernement le 2 juin malgré un avis négatif de la commission d'enquête.
Ils reprochent à ce projet de remettre en cause l'équilibre naturel des vignobles de Sauternes et Barsac, déplorent l'arrachage d'une vingtaine d'hectares de vignes dans les Graves et des dégâts sur une quarantaine d'autres hectares.
"La question est de savoir si le travail effectué par les viticulteurs (...) est quantité négligeable par rapport à une étude scientifique produite pour la SNCF qui ne tient en rien compte de nos observations", a dit à Reuters Xavier Planty, président de l'ODG Sauternes et Graves et co-propriétaire du Château Guiraud, premier grand cru classé en Sauternes.
Plus que contester la LGV en tant que telle, Xavier Planty déplore l'impact du tracé sur la vallée du Ciron, petit cours d'eau qui permet la formation de micro brouillards et participe au développement de la "pourriture noble", particularité qui permet la production des vins blancs liquoreux.
"C'est un équilibre fragile. Or, depuis le début, la SNCF fait des enquêtes sans jamais rien nous dire, sans jamais nous consulter", ajoute Xavier Planty.
En décembre, le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) et la FGVB avaient déjà saisi le chef de mission du projet LGV pour demander que soit pris en compte les risques pour les vignobles prestigieux au sud de Bordeaux.
Déjà, début juin, la Sepanso (fédération des Sociétés pour l'étude, la protection et l'aménagement de la nature dans le Sud-Ouest) avait saisi le Conseil d'État, évoquant un "saccage écologique" et "une rentabilité socio-économique insuffisante".
La LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax devrait mettre Toulouse à un peu plus de trois heures de Paris contre 5h20 aujourd'hui. Son coût estimé est de neuf milliards d'euros.
Selon les dernières prévisions, la LGV devrait être terminée en 2024 pour l'axe de Toulouse et 2027 pour Dax.
(Claude Canellas, édité par Emmanuel Jarry)