Entre 70 et 80% des vols d'Air France seront assurés samedi, premier jour de la grève à l'appel des syndicats de pilotes de la compagnie aérienne, a annoncé jeudi le PDG d'Air France Frédéric Gagey.
Le dirigeant a "infiniment" regretté au cours d'une conférence de presse que cette grève intervienne au moment de l'ouverture de l'Euro de foot (10 juin-10 juillet), s'engageant à ce que les vols transportant des supporters étrangers soient assurés en priorité.
Sur une hypothèse de 80% des vols opérés, il a estimé le coût de la grève à 5,4 millions d'euros par jour.
"Les premières personnes à protéger sont bien sûr nos clients" et "ils trouveront sur notre site internet toutes les informations fiables et en temps réel" 24 heures avant leur vol, a dit M. Gagey.
Il a fait état pour la journée de samedi de "25% de grévistes". Transavia, la filiale low-cost du groupe, et HOP!, qui couvre le réseau domestique, ne sont pas concernées par les annulations, selon lui.
Les syndicats de pilotes représentatifs à Air France ont rejeté jeudi le nouveau protocole de fin de conflit transmis par la direction.
La grève initiée par le SNPL, le Spaf et Alter (non représentatif), est prévue pour durer de samedi matin à mardi soir. Faute d'être entendus, les syndicats menacent d'appeler ensuite à de nouveaux arrêts de travail.
Pour M. Gagey, les négociations ont été menées "dans un esprit de conciliation".
Le directeur des ressources humaines de la compagnie Gilles Gateau a assuré pour sa part que la direction avait "très vite" mis sur la table des propositions abouties dans le but d'éviter la grève et qu'elle n'était "pas dans un scénario de petits pas".
- Porte "toujours ouverte" -
"Sur le contenu de la négociation (...) il n'y a eu aucune intervention gouvernementale", a assuré l'ancien directeur adjoint du cabinet de Manuel Valls.
M. Gagey a assuré que la porte de la direction était "toujours ouverte". "Mais à un moment, on passe de la phase de négociation à la phase opérationnelle" pour assurer le meilleur plan de vol possible, a-t-il ajouté, estimant que les syndicats avaient "en main une proposition avec un certain nombre d'évolutions".
Les syndicats réclament des garanties sur la pérennité d'Air France, menacée selon eux par le développement des autres filiales du groupe Air France-KLM (Transavia, Hop! et KLM).
La question du partage d'activité long-courrier entre Air France et KLM est au cœur du conflit.
Cette "revendication est posée aujourd'hui à une période où il est difficile d'y répondre" car cette décision est du ressort du groupe Air France-KLM dont le futur PDG Jean-Marc Janaillac entre en fonction le 4 juillet, a déclaré M. Gagey.
Le PDG a toutefois souligné qu'il s'agissait d'une question "légitime et pertinente" qui cependant "ne se règle pas en cinq minutes". Selon M. Gateau, les revendications actuelles des syndicats nécessitent pour Air France l'achat de "27 avions" soit "à peu près 4 milliards d'investissements".
Les syndicats refusent également l'application, au 1er juin, de mesures de productivité validées en 2012 par le SNPL mais bloquées depuis par le syndicat en raison, selon lui, de l'abandon des contreparties promises.
Air France a décidé de réduire son activité sur le long-courrier et de supprimer des postes. Des décisions jugées inacceptables par les syndicats alors que l'entreprise "connaît d'excellents résultats et que le contexte économique du secteur aérien est plus que porteur".