Pour la première fois samedi, le TGV japonais "Shinkansen", pionnier mondial du transport ferroviaire ultra-rapide né il y a un demi siècle, a transporté des voyageurs jusqu'à l'île septentrionale majoritairement agricole de Hokkaido, au prix d'un lourd investissement.
Aux premières heures de la matinée, une élégante rame, au profil aérodynamique et nez allongé, s'est élancée de la gare centrale de Tokyo en présence d'une foule de passionnés du rail, pour avaler 863 kilomètres en quatre heures, avec une vitesse de pointe de 260 km/h.
Depuis cinq décennies, les Japonais, petits et grands, vouent une passion au Shinkansen - littéralement "nouvelle ligne principale" -, qui a contribué au rapide développement économique du Japon de l'après-guerre.
L'archipel a inauguré la première de ces lignes entre Tokyo et Osaka en 1964, année des jeux Olympiques de Tokyo, ligne qui transporte à présent plus de 420.000 passagers par jour en moyenne (contre environ 60.000 la première année).
L'extension porte sur une distance de 149 km, dont 54 km dans un tunnel ferroviaire sous le détroit de Tsugaru qui sépare Hokkaido de l'île principale du Japon, Honshu.
Les coûts de construction de la nouvelle ligne ont dépassé 550 milliards de yens (4,4 milliards d'euros), pris en charge en partie par les contribuables japonais.
L'opérateur JR Hokkaido prévoit de prolonger dans deux décennies le réseau jusqu'à la ville de Sapporo, chef-lieu de la préfecture, ce qui nécessiterait de dépenser 1.200 milliards de yens de plus.
"Le vœu le plus ardent" de l'île, dont les projets remontent à plus de 40 ans, a enfin été exaucé, s'est félicitée Harumi Takahashi, gouverneur de Hokkaido, espérant attirer plus d'entreprises et de touristes dans cette région aux vastes forêts et stations de ski.
Le réseau s'étend aujourd'hui dans le centre, le nord et le sud du pays jusqu'à l'île de Kyushu. Désormais, seule Shikoku - la plus petite des quatre principales îles de l'archipel japonais - n'est pas connectée et il n'y a pas de projet en ce sens.
Cependant "le temps où l'arrivée du Shinkansen pouvait enrichir à elle seule une région est révolu", a estimé Atsushi Miyawaki, professeur d'administration publique à l'Université de Hokkaido, interrogé par l'AFP.
Les campagnes japonaises se vident de leurs habitants à un rythme alarmant tandis que le gouvernement prévoit un déclin démographique qui devrait voir la population du pays chuter à 86 millions dans les quatre prochaines décennies, contre 127 millions actuellement.