L'Allemagne, pays d'origine du constructeur automobile tombé en disgrâce Volkswagen (XETRA:VOWG), a travaillé en coulisses auprès de l'Union européenne pour le maintien de tests anti-pollution considérés comme inefficaces, selon des documents consultés par l'AFP jeudi.
Le document résumant la position des Allemands, révélé dans un premier temps par le quotidien britannique The Guardian, demande aux régulateurs européens de maintenir des failles présentes dans les tests de certification, et qui permettent d'afficher des résultats officiels d'émissions de CO2 inférieurs aux rejets réels.
Selon The Guardian, la France et la Grande-Bretagne ont transmis des documents reprenant une argumentation similaire.
Ce document technique, daté de mai 2015, fait référence à des tests de mesure des émissions de CO2, principal gaz à effet de serre à l'origine du réchauffement climatique, et non d'oxydes d'azote polluants qui sont au centre du scandale impliquant Volkswagen.
Ils plaident pour une limitation des changements entre l'actuel système de test anti-CO2 (NEDC), et le prochain, plus rigoureux (WLTP).
Dans ces documents, l'Allemagne demande que des exceptions plus importantes que celles proposées jusque là par l'Union européenne soient inclues dans les contrôles, dont la permission d'effectuer le test sur une pente descendante.
Pour certaines ONG, ce lobbying révèle l'hypocrisie des plus grands Etats membres européens qui se sont offusqués de l'attitude de Volkswagen et de sa tricherie sur les tests anti-pollution aux Etats-Unis, tout en poussant en secret pour des tests moins restrictifs.
"C'est de l'hypocrisie pure de la part des trois plus grands pays européens d'exiger des enquêtes au niveau de l'UE sur la tricherie de Volkswagen et en même temps de faire du lobby en coulisses pour affaiblir les nouveaux contrôles", a déclaré Greg Archer, en charge des véhicules propres pour l'ONG Transport & Environment.
La Commission européenne, qui fixe les normes des tests anti-pollution pour les 28 Etats membres, n'a pas réagi directement à ces accusations.
"Nous comptons sur le soutien des Etats membres non seulement pour se montrer très stricts sur le respect des règles, mais aussi pour améliorer nos normes pour qu'elles soient plus solides", a déclaré la porte-parole de la Commission Lucia Caudet lors d'un point presse.