Le modèle des coopératives fait toujours plus d'émules: comme Scop-Ti montée par les ex-Fralib, 277 de ces sociétés où les salariés sont fortement impliqués, et souvent actionnaires, ont vu le jour l'an dernier en France et la barre des 50.000 salariés est désormais dépassée.
Selon le bilan de la Confédération générale des Scop publié mercredi, les sociétés coopératives et participatives faisaient travailler 51.000 personnes en 2014 dont 47.500 dans des sociétés coopératives de production (Scop).
En un an, 2.800 emplois ont été créés, dont près de 70% dans les 277 nouvelles coopératives apparues. "Nous sommes très satisfaits des résultats obtenus en 2014 et poursuivons notre route avec optimisme", se félicite Patrick Lenancker, président de CG Scop.
"Si les créations ex nihilo restent majoritaires, on assiste à un record en matière de transmissions saines : 20 % des Scop créées l’an passé sont issues d’une transmission", souligne-t-il.
Modèle original remontant aux coopératives ouvrières du XIXe siècle, les Scop ont pour particularité d'avoir des salariés majoritaires au capital. Elles privilégient la recherche d'une rentabilité sur le long terme et leur gouvernance est dite "démocratique" (au moins 65% des voix pour les salariés associés, chaque associé dispose d'une voix, quelle que soit la part de capital détenue). Elles distribuent en moyenne 40% des résultats aux salariés.
Les sociétés coopératives d'intérêt collectif (Scic), qui associent au capital toute personne physique ou morale (salariés, clients, collectivités, partenaires privés...), employaient elles 3.300 personnes en 2014.
- "1.336", thé pur Scop -
Le développement des Scop a été facilité par la loi Hamon sur l'économie sociale et solidaire (ESS) de 2014. Depuis le 1er janvier, un statut de Scop d'amorçage permet aux salariés d'être minoritaires au capital pendant au maximum sept ans, le temps de réunir les fonds pour être majoritaires.
Selon une étude d'impact du gouvernement, le nombre de transmissions d'entreprises saines en Scop de plus de 10 salariés pourrait représenter sur dix ans "300 à 400 opérations", soit "6% à 8% des entreprises à reprendre dans le cadre de successions". "C'est près de 4.000 à 15.000 emplois qui seraient alors consolidés ou sauvés par les transmissions en Scop sur cette période", selon la secrétaire d’État en charge de l'ESS, Carole Delga.
Pour des entreprises en difficulté, la Scop peut aussi être une solution. Cas emblématique: les ex-salariés de Fralib ont créé Scop-Ti en octobre. En mai, ils ont relancé la production sous leur propre marque de thé: "1.336", "comme le nombre de jours de lutte" face au géant Unilever (LONDON:ULVR). Sur les 182 employés que comptait le site à sa fermeture en 2011, 57 ont investi leurs indemnités de licenciement dans le projet.
Pour l'usine Goodyear d'Amiens-Nord, la CGT rêve du même avenir. Mais le fabricant de pneus américain a prévenu qu'il n'aiderait pas le projet.
Selon CG Scop, près de 46% des coopératives ont une activité de services, 18% œuvrent dans le BTP et 14% dans l'industrie, devant le commerce (9%) et le secteur "éducation, santé, action sociale" (9%).Parfois, les activités sont inattendues: le zoo d'Amnéville, en Lorraine, est une scop.
Si les déboires de la Scop SeaFrance font actuellement la une, globalement, ces entreprises démontrent "une plus grande résistance économique" que les entreprises françaises en général: cinq ans après, 64% existent encore, contre 50% en moyenne, affirme le réseau.
Le groupe Acome (câbles, tubes), fondé en 1932 et qui emploie plus de 1.300 salariés, "montre qu'il est possible de réussir en Scop dans l'industrie en France et de concilier responsabilité économique et esprit d'innovation, engagement social et respect de l'environnement", fait valoir CG Scop.
Selon le réseau, les sociétés coopératives et participatives ont généré pour l'année 2013 un chiffre d'affaires de 4,4 milliards d'euros, contre 4,3 mds l'année précédente et 3,8 mds en 2009, soit une "augmentation notable de 15,5%" en quatre ans.