La France et surtout Paris veulent relancer à tout prix le lucratif tourisme japonais, en forte chute depuis les attentats de janvier, puis novembre, en communiquant sur un "retour à la normalité et au calme" dans le pays.
Si l'Hexagone est la première destination européenne au départ du Japon, les Japonais sont aussi et surtout la première clientèle internationale en termes de dépenses à Paris-Ile de France en 2014: soit 205 euros dépensés par jour et par personne, hors hébergement.
Depuis quelques années, d'une manière générale, le Japon connaît un repli de ses ressortissants sur le tourisme à l'intérieur de l'archipel, et la dépréciation du yen n'a pas favorisé les voyages vers l'Europe. Mais les attentats de janvier à Paris ont aggravé la situation: sur les dix premiers mois de 2015, la baisse de clientèle japonaise en Ile-de-France a été de 19%, a annoncé vendredi Atout France.
L'organe de promotion du tourisme français a indiqué lors d'un point presse à Paris que "si la reprise s’était faite sentir en août, confirmant bien la durable popularité de la destination France, elle a été remise en question par les attentats du 13 novembre qui ont généré une importante vague d’annulations, notamment à Paris, ville la plus impactée par ces annulations".
Ainsi, le directeur général d'Atout France, Christian Mantei, a précisé à l'AFP qu'après les attentats qui ont fait 130 morts, le Japon a "enregistré une baisse de 30% des voyages touristiques vers l'Europe, et de 40% vers Paris".
"La France accueille annuellement plus de 700.000 Japonais. Depuis les événements tragiques de novembre, nous avons constaté l'annulation de près de 28.000 séjours. L'hiver est une saison basse, mais concernant le début de la saison touristique en avril/mai, nous sentons que la réaction des Japonais est encore très molle, et nous anticipons une baisse de 50% de notre volume d'affaires", a indiqué Jungo Kikuma, vice-président de l'association japonaise des agents de voyage (Jata).
- Retrouver un niveau normal 'd'ici 4 à 6 mois' -
"Notre défi est de redresser cette situation", a-t-il ajouté. Jata, Atout France et l'Agence du tourisme japonaise (JTA) ont annoncé vendredi "la mise en œuvre d'actions concrètes visant à redynamiser la venue de touristes japonais en France, notamment en Ile-de-France".
"Nous lançons ensemble un plan d'action très offensif, avec le but de retrouver un niveau normal de fréquentation (des Japonais) d'ici 4 à 6 mois", a précisé M. Mantei.
Première démonstration concrète de ce plan, la visite ces jours-ci (du 14 au 18 janvier) d'une délégation de professionnels japonais, avec pour "objectif de constater le retour à la normalité et au calme à Paris afin d’être en mesure de délivrer un message positif sur la situation en France auprès des médias, des agences de voyage et de leurs clients".
Cette délégation a rencontré vendredi le directeur de cabinet de Matthias Fekl, secrétaire d’État français chargé de la Promotion du tourisme, le préfet de police de Paris Michel Cadot, le PDG d'Air France-KLM Alexandre de Juniac, et Julie Grégoire, responsable des marques Sofitel, Pullman et MGallery chez AccorHotels.
Une "séance de travail" a aussi été organisée avec des responsables du tourisme français et des représentants d'entreprises françaises (AccorHotels, Air France, Galeries Lafayette, Printemps, Centre des monuments nationaux, etc.).
Par ailleurs, une "campagne croisée" entre Atout France et la JTA se déploiera dans le métro parisien en février puis dans son équivalent tokyoïte en avril "afin de favoriser le développement des flux touristiques entre les deux pays". En mars, un séminaire rassemblera également quelque 200 clients réguliers des agences de voyage japonaises.
L'ambassade de France à Tokyo a également prévu de recevoir une cinquantaine d'agences de voyage japonaises.