par John O'Donnell et George Georgiopoulos
FRANCFORT/ATHENES (Reuters) - La Grèce doit présenter ce jeudi ses ultimes propositions de réformes pour tenter de convaincre ses partenaires de la zone euro de débloquer une nouvelle aide financière et lui éviter ainsi la faillite et une sortie de la zone euro.
Les dirigeants européens ont prévenu mardi soir qu'ils comptaient prendre une décision définitive dimanche au plus tard.
La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), impliqué dans les négociations, a compliqué la donne mercredi soir en insistant sur la nécessité d'une restructuration de la dette grecque, une initiative catégoriquement exclue par l'Allemagne jusqu'à présent.
Cité par le quotidien italien Il Sole 24 Ore, Mario Draghi a exprimé de manière inhabituelle ses doutes sur la possibilité de parvenir à un compromis entre la Grèce et ses créanciers. "Je ne sais pas, cette fois c'est réellement difficile", a dit le président de la Banque centrale européenne (BCE), habituellement plus réservé en public.
Conformément au calendrier établi lors du sommet de la zone euro mardi, la Grèce a sollicité mercredi un prêt au Mécanisme européen de stabilité (MES).
Le gouvernement d'Alexis Tsipras doit désormais soumettre avant vendredi un ensemble de mesures détaillées à ses partenaires européens, qui détermineront avec l'aide de la Commission, de la BCE et du FMI si elles sont suffisantes pour permettre le déblocage d'une nouvelle aide.
Sans accord politique dimanche, la BCE menace de cesser son soutien aux banques grecques, ce qui privera le pays de liquidités et le contraindra à recourir à une monnaie parallèle.
La fermeture des banques grecques a été prolongée jusqu'à lundi et les retraits restent plafonnés à 60 euros par jour. La présidente de la fédération bancaire grecque a assuré qu'elles avaient suffisamment de liquidités pour alimenter leurs distributeurs de billets jusqu'à lundi.
L'EUROPE SE PRÉPARE À UN "GREXIT"
Selon la presse grecque, le gouvernement d'Alexis Tsipras projette un ensemble de réformes de 12 milliards d'euros réparties sur deux ans. Ces mesures consisteront notamment en un relèvement de l'impôt sur les sociétés et un alourdissement de la TVA.
Le Premier ministre grec va néanmoins devoir convaincre son propre parti Syriza, vainqueur des élections en janvier sur la promesse de mettre fin à cinq années d'une cure d'austérité drastique. Les opposants à cette politique ont en outre été confortés par la large victoire du "non" au référendum organisé dimanche dernier sur des projets de réformes des créanciers.
Christine Lagarde a ajouté mercredi un élément supplémentaire dans l'équation en jugeant que tout accord devait prévoir une restructuration de la dette grecque afin de la rendre viable.
La directrice du FMI a déclaré que la solution à la crise grecque devait reposer sur deux piliers, dont le premier porte sur les réformes et la consolidation budgétaire.
"L'autre pilier est la restructuration de la dette, dont nous pensons qu'elle est nécessaire dans le cas de la Grèce pour que sa dette soit viable", a-t-elle dit à Washington.
La chancelière allemande Angela Merkel a pourtant fermement écarté une telle proposition réclamée également depuis janvier par le gouvernement grec. A ses yeux, un effacement et même une décote de la dette grecque seraient illégaux au regard des traités européens.
Les dirigeants européens n'excluent plus une sortie de la Grèce de la zone euro, même en France, pourtant l'un des principaux soutiens d'Athènes au sein de l'UE.
"Nous serions irresponsables si nous ne pensions pas à cette question là, donc nous pensons à cela parce que c'est de notre responsabilité de pouvoir être capable de faire face à toute situation mais ce n'est pas celle que nous voulons", a déclaré le ministre français des Finances Michel Sapin, sur LCI et Radio Classique.
(Bertrand Boucey pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)