par George Georgiopoulos et Stephen Grey
ATHENES (Reuters) - Les banques grecques devront être recapitalisées de 10 à 14 milliards d'euros et auront besoin d'un délai supplémentaire avant leur réouverture même en cas d'accord dimanche entre le gouvernement et ses partenaires européens sur une nouvelle aide financière au pays, a déclaré vendredi à Reuters un dirigeant du secteur bancaire grec.
Les banques grecques sont fermées depuis le 29 juin et dépendent des liquidités d'urgence accordées par la Banque centrale européenne (BCE) pour continuer à distribuer de l'argent aux déposants, dont les retraits sont limités à 60 euros par jour. Leur réouverture est prévue mardi.
Alors que les dépôts ont fondu de plus de 34 milliards d'euros depuis décembre et que les perspectives économiques du pays semblent se détériorer, les banques pensent que leurs agences seront en mesure de rouvrir leurs portes d'ici la fin de la semaine prochaine, a dit ce banquier.
"La liquidité est assurée jusque lundi soir au plafond de retrait quotidien de 60 euros", a-t-il dit, en réclamant de ne pas être identifié. "Il y a un matelas d'environ 750 millions d'euros d'ici là."
La National Bank, la Banque du Pirée, Eurobank et Alpha, qui représentent à elles quatre environ 95% du secteur bancaire grec, auront certainement besoin d'être recapitalisée après un examen par les autorités de régulation et elles ne devraient pas retrouver une activité normale avant plusieurs mois.
"Il y a un besoin estimé de nouveau capital d'environ 10 à 14 milliards d'euros", a dit le banquier. "Etant donné l'ampleur du choc que nous avons encaissé, les régulateurs feront le point de la situation et de l'impact des prêts non-performants. Un bilan de santé d'ici septembre permettrait de donner du temps pour que les choses se normalisent."
Athènes va chercher à lever des fonds auprès d'investisseurs privés mais les banques pourraient recourir à l'instrument de recapitalisation directe du Mécanisme européen de stabilité (MES), un outil récemment créé mais qui n'a jamais été utilisé.
On ignore quelles conditions le MES pourrait associer au versement de cet argent mais il réclamerait probablement un engagement sur une restructuration en profondeur du secteur bancaire grec.
Des représentants des autorités européennes ont dit à Reuters que certaines des grandes banques grecques devraient être fermées et reprises par des concurrents plus solides dans le cadre d'une nécessaire restructuration du secteur quelle que soit l'issue des négociations en cours entre Athènes et ses créanciers.
Les banques espèrent que, en cas d'accord dimanche, la BCE relèvera le plafond des liquidités d'urgence distribuées via la Banque de Grèce. Sans accord, ce mécanisme risque d'être asséché, ce qui conduirait les banques vers la faillite et, probablement, le pays hors de la zone euro.
"Le problème de liquidités sera réglé, le défi ce sera la recapitalisation, la vitesse à laquelle le capital pourra être reconstitué", a dit le banquier grec.
(Bertrand Boucey pour le service français, édité par Marc Joanny)