Le trafic des lignes A et B du RER était très perturbé mardi matin et devait le rester toute la journée, en raison d'une grève des conducteurs à l'appel de quatre syndicats afin de dénoncer des "tensions chroniques" dans leur travail et un "management agressif".
Il y avait "plus d'un train sur deux (en circulation) aux heures de pointe" selon la Régie autonome des transports parisiens (RATP) qui prévoyait un trafic encore plus dégradé en milieu de journée.
Aux heures creuses, le trafic sera "quasi nul" sur le RER A, la ligne la plus fréquentée d'Europe avec 1,2 million de voyageurs par jour, et un train sur quatre circulera sur le RER B (875.000 usagers quotidiens), a indiqué un porte-parole mardi matin.
Sur cette ligne qui dessert notamment l'aéroport de Roissy, les voyageurs devront en outre prévoir de changer de train en gare du Nord car la connexion ne sera pas assurée avec la partie gérée par la SNCF.
Certaines lignes de métro ont été parallèlement "renforcées", en particulier les lignes 1, 4, 13 et 14 du métro, selon la RATP.
L'effet de la grève s'est fait sentir sur les routes avec, peu après 8H30, 530 km de bouchons recensés en Ile-de-France (contre 400 habituellement) par le site Sytadin, avant un retour progressif à la normale.
Face à "une direction obtuse", "aujourd'hui les conducteurs se sont massivement mobilisés", ont affirmé mardi les syndicats (CGT, Unsa, SUD et FO, 77% des voix au total) dans un communiqué, ajoutant que la direction avait "expédié en catastrophe ses cadres en formation sur les trains" afin de remplacer les grévistes.
La grève a été maintenue après l'échec d'une tentative de conciliation la semaine dernière. "La direction ne veut rien entendre", dit Jean-Luc Prigent (CGT). La direction réplique que les syndicats "n'ont pas souhaité discuter" ses propositions.
- 'Toujours la pagaille' -
A la station Cité universitaire, à Paris, les quais du RER B étaient noirs de monde après 10H, à mesure que les trains se faisaient plus rares, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Le service se dégrade depuis quelques années", a dénoncé sur place Martine, une francilienne qui prend le RER B "depuis 40 ans". "Sur la ligne B, c'est toujours la pagaille", a renchéri Yamina, 74 ans, qui a dû voyager "debout et coincée" au milieu de personnes plus grandes qu'elle.
Viviane, une quadragénaire habitant à Gentilly (Val-de-Marne), a elle été "obligée d'adapter son trajet" car, "en stage", elle n'a "pas pu poser sa journée".
Dans leur préavis, les syndicats évoquent des "tensions chroniques" et "dysfonctionnements récurrents dans l'organisation du travail", conséquence selon eux d'une "politique du chiffre" liée aux obligations fixées par Ile-de-France Mobilités (ex-Syndicat des transports d'Ile-de-France, Stif).
Sur la ligne A, où les trains se succèdent à deux minutes d'intervalle aux heures de pointe, le moindre incident provoque des retards en cascade. Pour tenter d'y remédier, les horaires ont été modifiés lundi par la RATP, avec parfois une légère baisse des fréquences.
"Depuis trop longtemps sont dénoncées sur les deux lignes de RER des dérives graves" en raison de "méthodes agressives de management" ou de l'interprétation de la réglementation interne, "sources de risques psychosociaux et de dégradation des conditions de travail", disent les syndicats qui avaient déjà appelé à la grève en octobre 2014 pour dénoncer la gestion des ressources humaines.
Cette situation, accentuée par une "pénurie d'effectifs" sur un réseau saturé, met en "première ligne" les conducteurs "face à des voyageurs excédés", selon eux.
"On est censé faire la même chose avec moins de monde et le niveau de qualité de service exigé n'est jamais atteint", affirme Laure Thibault (SUD).
La direction a proposé une nouvelle réunion le 18 décembre pour, dit-elle, "retrouver un collectif de travail serein, propice à une exploitation performante des lignes de RER". Sur le fond du conflit, elle s'est refusée à tout commentaire.