"Nous voulons être la Commission des solutions" face aux crises à répétition qui secouent l'Union européenne depuis un an, assure le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, dans un entretien à l'AFP.
Question: Quelle est la priorité de la Commission ?
Réponse: Sa priorité centrale est de recréer de la croissance et de l'emploi en Europe dans un contexte de crises multiples. Il y a d'abord la crise économique, qui est maintenant en train de s'estomper, mais dont les effets marquent encore nos économies avec ce 29ème pays européen qui est le chômage. Et c'est cet Etat-là qu'il faut être capable de réduire d'abord, de supprimer ensuite.
L'investissement est le fil rouge de l'action de la Commission. Il faut mettre en place des politiques économiques communes volontaristes pour préparer l'Europe de demain, ce qui est indispensable parce que si nous continuons sur le 'business as usual', dans dix ans nos économies seront des économies de 2ème zone.
C'est une Commission qui a une vision de ce que doit être l'Europe, qui s'efforce de communiquer davantage avec ses citoyens, dans la mesure où il y a tant de désinformation, de populisme, tant de risques de retour à la xénophobie ou au nationalisme, qu'il est nécessaire au contraire de promouvoir une vision européenne et je dirais même, un rêve européen. C'est une Europe qui ne soit pas vue par nos concitoyens comme un problème, mais bel et bien comme une solution. Nous voulons être la solution, la Commission des solutions.
Q: Comment résoudre la crise des migrants ?
R: La crise migratoire est un défi identitaire existentiel pour l'Europe et pour le sentiment européen (...) La Commission fait partie de ceux qui pensent qu'il n'y a pas de place pour les barrières en Europe.
Il faut accueillir ceux qui en ont besoin, des réfugiés qui fuient les dictatures (...) Cela ne veut pas dire qu'il faut négliger d'autres dimensions, d'abord la dimension de la protection de nos frontières extérieures, à laquelle nous apportons une grande attention, et puis la dimension de l'intégration.
C'est la qualité des politiques d'intégration qui va transformer un potentiel coût budgétaire en potentielle opportunité économique (...) Vous avez des hommes et des femmes qui sont amenés probablement à rester pendant un certain temps dans nos pays qui vont y vivre, y travailler, y consommer. Donc potentiellement il y a un impact économique positif mais il ne sera positif que si on est capable d'intégrer, de construire des politiques publiques, dans le cadre du marché du travail, de la formation, de l'accueil pour en faire en sorte que ces hommes et ces femmes s'insèrent sur les marchés du travail nationaux, notamment dans les pays qui en ont besoin.
Q: La crise grecque est-elle derrière nous ?
R: Depuis le mois de juillet, nous travaillons dans un climat de confiance et de coopération sans doute inédit entre un gouvernement grec et les institutions européennes, depuis le début de la crise grecque. Cela ne veut pas dire que tout est facile, il y a des sujets compliqués, il y a des défis, il y aura des décisions lourdes à prendre d'ici la fin de l'année, mais je constate une volonté partagée de travailler ensemble et d'arriver à un bon accord ce qui n'était pas le cas pendant le premier semestre de cette année.
Propos recueillis par Céline LE PRIOUX