par Elizabeth Pineau et Alexei Anishchuk
MILAN (Reuters) - Kiev et Moscou ont jeté vendredi les bases d'un accord sur leur contentieux gazier, une avancée que les Occidentaux espèrent de bon augure pour une sortie de crise dans l'est de l'Ukraine.
Les présidents ukrainien Petro Porochenko et russe Vladimir Poutine ont conclu un compromis sur les livraisons de gaz russe à l'Ukraine lors d'une réunion avec François Hollande et Angela Merkel à Milan, en marge d'un sommet Europe-Asie.
"Nous nous sommes entendus sur les principaux paramètres d'un contrat" concernant le gaz, a déclaré Petro Porochenko.
La Russie a interrompu ses livraisons à l'Ukraine en juin, en réclamant à Kiev le paiement de plus de cinq milliards de dollars de dette gazière.
Le président français a salué les progrès réalisés lors de cette réunion à quatre, un format né le 6 juin dernier sur les plages du Débarquement de Normandie, où Vladimir Poutine et son homologue ukrainien se sont parlé pour la première fois.
"L'accord sur le gaz est maintenant vraiment à portée de main et c'est très important pour les Ukrainiens et c'est très rassurant pour les Russes qui veulent effectivement être payés", a déclaré François Hollande.
Ce compromis a surpris les délégations présentes à Milan, une première réunion à quatre s'étant, selon Dmitri Peskov, porte-parole du président russe, soldée par des "discussions "difficiles, pleines d'incompréhensions, de désaccords".
Des représentants russes, ukrainiens et européens doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour continuer à négocier sur le dossier du gaz afin de parachever l'accord.
Vladimir Poutine et Petro Porochenko ont décidé ensuite de se rencontrer en tête-à-tête vendredi soir à Milan pour évoquer les perspectives de paix dans l'est de l'Ukraine.
DES "AVANCÉES" SELON HOLLANDE
Là encore, François Hollande s'est montré optimiste.
"Moi je considère que ce qui s'est passé là, sans aboutir encore à une conclusion définitive de la crise, on n'en est pas là, a marqué des avancées qui devront être confirmées dans les prochains jours", a-t-il déclaré.
D'après le Premier ministre britannique David Cameron, Vladimir Poutine a déclaré qu'il ne voulait pas d'une Ukraine divisée ni d'une crise gelée.
Les dirigeants européens ont exhorté la Russie à redoubler d'efforts pour empêcher les incidents meurtriers qui violent régulièrement la trêve ayant fait l'objet d'un accord entre Poutine et Porochenko le 5 septembre à Minsk.
Les discussions ont particulièrement porté sur la question des élections qui se dérouleront le 26 octobre en Ukraine et sur le projet franco-allemand d'utilisation de drones pour surveiller la frontière entre les deux pays.
"Il y a eu la volonté commune de faire respecter le cessez-le-feu et de mettre à disposition de l'OSCE tous les moyens -drones, satellites- pour qu'il y ait un contrôle effectif, non seulement de la frontière mais également de ce que l'on appelle la ligne de démarcation, pour que le processus de Minsk puisse être respecté, a dit François Hollande en parlant d'"acquis".
La tenue des élections dans l'est de l'Ukraine pose plus de problèmes selon le président français.
"Il y a des discussions qui vont se poursuivre pour que Poutine fasse les pressions nécessaires sur les séparatistes", a expliqué le président français, qui a également fait état d'un "accord" pour accélérer les échanges de prisonniers.
(Avec Andreas Rinke, Crispian Balmer et Francesca Landini, édité par Yves Clarisse)