Israël a dénoncé mardi le projet européen d'étiqueter les produits en provenance des colonies, qui reviendrait selon l'Etat hébreu à un boycott et rendrait la recherche de la paix avec les Palestiniens encore plus compliquée dans une période de vives tensions.
Israël s'attend dans les prochains jours à l'adoption par la Commission européenne de directives pour l'étiquetage des produits en provenance des colonies israéliennes de Cisjordanie, de Jérusalem-Est et du Golan, disent des responsables israéliens.
La ministre adjointe des Affaires étrangères Tzipi Hotovely a dit mardi, dans la zone industrielle de Barkan, près de l'importante colonie d'Ariel, qu'elle se rendrait mercredi en Europe (Espagne, Allemagne, France) pour convaincre les Européens de renoncer à ce projet.
"Nos amis (européens) doivent bien se rendre compte qu'au moment où le terrorisme est le fait uniquement de la partie palestinienne, ceci n'est pas le moyen de promouvoir la coexistence", a-t-elle dit.
"L'étiquetage éloigne la paix", a-t-elle assuré.
Une partie des membres de l'Union européenne est extrêmement frustrée par l'état de l'entreprise de paix entre Israéliens et Palestiniens et par la poursuite de la colonisation, c'est-à-dire la construction par Israël d'habitations civiles dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967.
La Commission européenne travaille depuis des mois à la mise en oeuvre d'une décision politique remontant à 2012 sur l'étiquetage des produits en provenance des colonies. La Commission délivrerait ses instructions à l'industrie alimentaire et à la distribution par exemple sur le texte à inscrire sur les étiquettes des produits concernés.
On assure côté européen qu'il ne s'agit pas d'un boycott mais pour Mme Hotovely: "Etiqueter, disons les choses clairement, c'est purement et simplement boycotter Israël".
"Quiconque entreprend de boycotter certaines régions d'Israël boycotte l'Etat (d'Israël) lui-même et délégitime" Israël, a ajouté cette membre du parti de droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Mme Hotovely a en outre invoqué le nombre élevé de Palestiniens travaillant dans des entreprises israéliennes des colonies. "Quand vous étiquetez, vous causez du tort à plus de 10.000 familles palestiniennes qui vont perdre leur travail", a-t-elle dit.
"Nous ne parlons pas d'une quelconque forme de sanction ou de boycott", mais d'information du consommateur, a dit une source européenne à l'AFP. "Ceci devrait apporter aux Israéliens de nouvelles assurances sur le fait que les consommateurs ne refuseront pas les produits venus d'Israël parce qu'ils penseraient qu'ils viennent des colonies".
Les produits concernés représentent "moins de 1,5%" des produits israéliens importés dans l'UE, a dit cette source européenne.
Les produits industriels des colonies représentent seulement 0,7% des exportations industrielles israéliennes vers l'UE, et les produits agricoles 2,5%, selon le parlement israélien.
Plus que l'impact sur la balance commerciale, la droite israélienne est inquiète du message susceptible d'alimenter selon elle une entreprise globale de délégitimation et de la distinction faite entre Israël et les colonies.
Le chef de l'opposition travailliste Isaac Herzog, cité dans les médias, s'est lui aussi opposé à l'étiquetage comme "un procédé qui ne fait que renforcer la haine" et "récompense le terrorisme".
Le porte-parole de la Commission, Daniel Rosario, a dit mardi aux journalistes que la Commission délivrerait bien des directives aux Etats-membres. Mais "les travaux sont toujours en cours, il n'y a jamais eu de date butoir", a-t-il dit.