Le Canada doit accueillir 100.000 réfugiés par an, a plaidé jeudi le président d'un groupe canadien de presse et de télécommunications, estimant que le pays en est capable et qu'il en bénéficierait sur le plan économique.
"Si nous avons réussi il y a 40 ans à accueillir 70.000 réfugiés vietnamiens, il n'y a aucune raison pour que nous ne fassions pas de même aujourd'hui avec une population plus grosse et une économie plus vigoureuse", a dit lors d'une conférence de presse Louis Audet, PDG du groupe Cogeco.
Il a salué l'engagement du nouveau gouvernement libéral d'accueillir 25.000 réfugiés syriens d'ici la fin de l'année, tout en estimant que le Canada pouvait faire mieux.
"La situation des réfugiés n'était pas prise au sérieux par le précédent gouvernement. Elle est maintenant prise au sérieux mais à des niveaux que nous jugeons qui peuvent facilement être dépassés", a-t-il déclaré après avoir livré le même plaidoyer devant la Chambre de commerce de Montréal.
Face à la baisse de sa démographie et au vieillissement de sa population, le Canada a, selon lui, tout intérêt à accueillir plus d'immigrants car ceux-ci sont généralement jeunes et peuvent donc contribuer pendant longtemps à la vitalité de l'économie, à condition que les gouvernements investissent pour faciliter leur intégration et celle de leurs enfants.
"Il est moralement inacceptable de nous comporter comme si cette crise ne concernait que l'Europe", a-t-il par ailleurs insisté en espérant que l'ensemble des pays riches participent à sa résolution.
Cette idée a été lancée par le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'homme et les migrants, le Canadien François Crépeau, qui assistait à la conférence de presse.
M. Crépeau croit qu'en emboîtant le pas à l'Allemagne, le Canada, les Etats-Unis, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les autres membres de l'Union européenne pourraient accueillir 2 millions de réfugiés au cours des cinq prochaines années. Dans un tel cas, le Canada n'accueillerait qu'environ 19.000 réfugiés par année et l'Allemagne 50 à 60.000, a-t-il illustré.
Il faut "un leadership politique capable d'organiser cette mobilité. Soyons clair, ça ne va pas s'arrêter. L'Europe doit s'attendre à 1 million de personnes qui vont entrer sur son territoire tous les ans au cours des prochaines années. La mobilité est là pour rester. Au lieu d'y résister, on ferait bien mieux de la gérer et de l'organiser".