Equipements, accès aux parcours, salaires, tourisme... Le poids économique du golf en France est conséquent (1,5 milliard d'euros par an) mais ce chiffre d'affaires n'a augmenté que de 4% entre 2007 et 2017, hors inflation, révèle jeudi une étude du cabinet Ernst & Young.
"La crise de 2008 a joué un rôle important, même si elle a eu un impact moins fort que ce qui s'est produit au Royaume-Uni ou dans d'autres pays golfiquement plus matures", explique à l'AFP Marc Lhermitte, associé chez Ernst & Young.
La filière emploie plus de 15.000 personnes, "à 85% en CDI", note-t-il.
"Elle génère des retombées fiscales de 572 millions d'euros par an, soit par exemple environ deux fois celles de la scène musicale et de ses festivals", indique-t-il.
Quatrième sport individuel dans l'Hexagone derrière le tennis, l'équitation et le judo, le golf y compte 800.000 pratiquants dont 410.000 licenciés.
Avec une moyenne d'âge de 52 ans et 10% de moins de dix-huit ans, ceux-ci ont vu leur nombre stagner à partir de 2012, alors que la Fédération française de golf visait 700.000 licenciés à l'horizon 2020.
"On a eu une progression à deux chiffres durant les décennies 80 et 90, c'est normal à un moment d'avoir subi un contre-coup", assure Pascal Grizot, vice-président de la Fédération (FFgolf).
- Le pari de la Ryder Cup -
Presque un licencié sur deux pratique depuis plus de dix ans.
"Il y a des mécaniques par rapport à la pratique du golf qui font qu'aujourd'hui les gens sont plus enclins à jouer de manière autonome, libre et ponctuelle, et moins à se licencier, sur une durée annuelle, dans le cadre d'un club", souligne Christophe Muniesa, le Directeur technique national (DTN) de la Fédération.
Un licencié dépense en moyenne chaque année 489 euros en équipement (textile, chaussures, clubs...) et 1.190 euros hors équipement (adhésion, abonnement, droit de jeu...).
Entre 1985 et 1992, la France a connu une explosion de la construction de golfs 18 trous.
Depuis ce sont les petites structures comme les parcours dits compacts et les "Pitch & Putt" qui ont le vent en poupe.
Elles représentent 64% des chantiers achevés entre 2007 et 2017.
La FFgolf a poussé pour accueillir la Ryder Cup pour la première fois en France cette année, misant sur le coup de projecteur offert par un évènement extrêmement médiatique au plan mondial pour accélérer le développement de toute la filière.
Parmi les héritages attendus de cet évènement, le tourisme golfique. Il s'agit d'un enjeu majeur, notamment pour attirer les étrangers qui ne représentent actuellement que 17% des visiteurs.
- Un champion toujours espéré -
Sur le sujet, la FFgolf travaille en lien direct avec Atout France, l'agence de promotion du tourisme hexagonal.
"Dans les années 1980 et 1990, la création de golfs a été un eldorado pour les investisseurs et certaines collectivités: on a eu sans doute un prisme déformant sur le marché français, considérant qu'on allait créer des milliers de golfeurs qui allaient faire tourner ces structures", rappelle Christophe Muniesa.
"Le volet touristique apparaissait secondaire: notre approche était radicalement inverse à celle de la Turquie et du Maroc, qui n'ont pas eu de logique de développement de la pratique chez eux mais ont tout fait pour séduire la clientèle d'Europe du Nord", détaille-t-il.
L'organisation de la Ryder Cup était surtout considéré comme un élément crucial pour développer l'intérêt et la pratique des Français.
Mais aucun joueur tricolore n'a réussi à intégrer l'équipe européenne pour l'édition 2018.
"A terme, l'émergence d'un champion français, classé dans le Top 20 mondial, évoluant sur le circuit américain et participant régulièrement aux tournois Majeurs reste un élément essentiel pour susciter l'intérêt du public", affirme Pascal Grizot.
Pour y arriver, La FFgolf a récemment changé de philosophie dans l'accompagnement des joueurs de haut niveau, devenu plus sélectif, avec la mise en place d'objectifs à atteindre et l'ouverture à des entraîneurs privés.