par Matthias Blamont et Leigh Thomas
PARIS (Reuters) - Société générale a annoncé mercredi son intention de relever ses objectifs de capital et de dégager de nouvelles économies après avoir fait état d'une hausse de ses résultats trimestriels, portés par tous ses métiers et supérieurs aux attentes.
Le marché salue la publication alors qu'il a sanctionné mardi celle de Crédit agricole S.A., déçu par le manque de clarté de la banque mutualiste.
A 12h20, l'action Société générale s'offre un gain de 8,5% à 48,44 euros, non loin d'un plus haut depuis mars 2011 touché à 48,77 euros.
Les analystes de Jefferies évoquent dans une note de bons résultats et un niveau de solvabilité élevé "surprenant".
Dans un environnement réglementaire qui promet d'être toujours plus strict en Europe, la deuxième banque française cotée prend de l'avance et constitue des réserves au cas où un retournement de cycle viendrait perturber son activité commerciale.
Les banques s'attendent en outre à payer plus d'impôts au cours des prochaines années pour contribuer au fonctionnement de l'Union bancaire et se préparent à la nouvelle réglementation dite "TLAC" (total loss absorbing capacity) décidée par le G20 à partir de 2019.
Société générale veut désormais afficher un ratio de solvabilité common equity tier one proche de 11% fin 2016. Lors de la présentation de son plan stratégique en 2014, elle avait indiqué espérer voir cet indicateur à 10% ou plus à cet horizon. A fin juin, il atteignait 10,4%, à comparer à 13,2% pour le groupe Crédit agricole et à 10,6% pour BNP Paribas (PARIS:BNPP).
Société générale souhaite aussi porter son "ratio de levier" (le rapport entre les fonds propres et le total des engagements de la banque) entre 4% et 4,5% à la fin de l'an prochain. Précédemment, le groupe visait un seuil d'environ 4%.
D'ici à la fin de 2017, la banque prévoit par ailleurs de dégager 850 millions d'euros d'économies supplémentaires, qui s'ajoutent à des réductions de coûts de 900 millions d'euros au cours de la période 2013-2015.
"Comme n'importe quelle entreprise, nous devons tirer profit des nouvelles technologies", a déclaré le directeur général Frédéric Oudéa au cours d'une conférence de presse téléphonique. "Ces nouvelles initiatives ne sont que la continuité."
Il n'a pas été plus concret et n'a pas dit si ces mesures auraient un impact sur l'emploi dans le groupe.
Dans son communiqué, la banque a précisé que son objectif de taux de distribution des bénéfices restait fixé à 50%.
VIVE LES DÉRIVÉS
Le groupe a également décidé de renforcer ses provisions pour litiges de 200 millions d'euros alors qu'elle poursuit l'audit de ses transactions en dollar et que la justice américaine cherche à déterminer si des banques ont contourné ses règles en matière d'embargo dans plusieurs pays.
Mardi, Crédit agricole S.A. a communiqué une décision similaire. A l'été 2014, BNP Paribas a accepté de s'acquitter d'une amende record de 8,97 milliards de dollars et de plaider coupable de deux chefs d'accusation dans le cadre d'un accord avec les autorités américaines.
Entre avril et juin, le résultat net comptable de Société générale a progressé de 25,2% à 1,35 milliard d'euros tandis que le produit net bancaire s'est inscrit en augmentation de 16,4% à 6,87 milliards. Les analystes interrogés par Reuters anticipaient en moyenne un résultat net de 969 millions d'euros et un PNB de 6,13 milliards.
Le pôle de banque de grande clientèle et solutions investisseurs, qui héberge les activités de banque de financement et d'investissement, a vu ses revenus croître de près de 17%, notamment grâce au dynamisme de l'activité de dérivés.
(Edité par Dominique Rodriguez)