Vincent Bolloré, le patron de Vivendi (PARIS:VIV) et de Canal+, a été auditionné jeudi durant près de deux heures par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, une première depuis que l'homme d'affaires a pris le contrôle au printemps du groupe et de son pôle télé, imposant une série de changements.
Arrivé vers 08H40, vêtu d'un costume bleu, au pied de la Tour Mirabeau, siège du CSA, l'homme d'affaires a été auditionné à huis clos par les huit sages de l'autorité de régulation de l'audiovisuel et il en est ressorti, souriant, peu avant 11H00.
"C'était un honneur et un plaisir d'être devant le CSA. Je crois beaucoup à la régulation française", a-t-il déclaré à la sortie, en soulignant avoir "toujours respecté" la réglementation.
L'échange, qui a duré près de deux heures, a été "serein et courtois", indique-t-on du côté de Canal+.
Cette audition a été décidée "d'un commun accord" avec M. Bolloré, avait indiqué à l'AFP la semaine dernière une source proche du dossier.
Elle devait aborder tous les sujets concernant les chaînes du groupe et le respect de leurs engagements envers le CSA (indépendance, diversité des programmes...).
Des voix se sont fait entendre ces derniers jours pour demander au CSA de "protéger l'indépendance éditoriale" des chaînes de Canal+.
Dans une tribune parue mercredi dans Le Monde, les membres du collectif "Informer n'est pas un délit", dont Elise Lucet, Reporters sans frontières et les Sociétés des journalistes de différents médias, estiment que "le principe d'indépendance des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné par l'actionnaire principal du groupe Canal+, Vincent Bolloré".
Parmi les questions sensibles soulevées par ce collectif: une enquête de "Spécial Investigation" de Canal+ sur le Crédit Mutuel, banque partenaire de Vivendi, un documentaire que Vincent Bolloré aurait personnellement fait déprogrammer en mai, selon Mediapart.
Depuis son arrivée, Vincent Bolloré a imposé sans ménagement une série de changements au sein du groupe Canal+ : le remplacement des dirigeants de Canal+, D8, D17 et iTélé, les nouveaux noms annoncés pour D8, D17 et iTélé (rebaptisées C8, C17 et CNnews), l'éviction "des Guignols de l'Info" de la grille en clair de Canal+ ou encore la déprogrammation de magazines d'information.