par Myriam Rivet
PARIS (Reuters) - Le chômage s'est retourné en nette baisse en septembre en France, effaçant son rebond du mois d'août avec un recul d'une ampleur sans précédent depuis plus de vingt ans, selon les chiffres publiés mardi par le ministère du Travail.
A six mois de l'élection présidentielle, ce chiffre devrait accorder un peu de répit à François Hollande, qui a fait de la baisse du chômage une condition pour briguer un nouveau mandat et doit désormais faire face aux doutes y compris dans les rangs de sa majorité depuis la publication d'un livre de "confidences" à des journalistes.
D'autant plus qu'il vient quelques jours après le relèvement par Standard & Poor's de la perspective de la dette souveraine de la France, qui est désormais considérée comme "stable" par la principale agence de notation.
Le nombre de demandeurs d'emploi de catégorie A (sans aucune activité) a reflué de 1,9% le mois dernier pour s'établir à 3.490.500, soit 66.300 personnes de moins qu'à fin septembre. Sur un an, le recul s'élève à 1,7%.
Une baisse d'une telle ampleur d'un mois sur l'autre est inédite depuis le début de la série statistique du ministère, entamée en janvier 1996.
Ce plongeon, qui intervient après une hausse de 1,4% en août, ramène le nombre d'inscrits dans cette catégorie sous la barre de 3,5 millions de personnes pour la première fois depuis janvier 2015.
"POURSUIVRE CE COMBAT"
Mais ce chiffre, qui a évolué en dents de scie depuis le début de l'année, reste supérieur de 567.700 à celui relevé en mai 2012, lors de l'arrivée au pouvoir de François Hollande.
"Le chômage reste encore trop élevé", a observé le président de la République dans un message publié sur Facebook (NASDAQ:FB). "Notre devoir collectif, c’est de poursuivre ce combat avec constance et persévérance et de favoriser la croissance sans remettre en cause les principes de notre modèle social", a-t-il ajouté.
Un message de persévérance également relayé par le Premier ministre Manuel Valls sur Twitter. "Il faut poursuivre", a-t-il indiqué tout en soulignant que la baisse du nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégorie A, dont le cumul s'élève à 90.000 depuis le début de l'année, confirme que la politique économique du gouvernement "porte ses fruits".
En ajoutant les catégories B et C (personnes exerçant une activité réduite), le nombre d'inscrits à Pôle Emploi a diminué de 0,7% en un mois, soit 38.000 personnes de moins, à 5.480.200 (5.781.300 en incluant les départements d'Outre-mer, également en baisse de 0,7% sur un mois). Mais sur un an, il augmente de 1,0%.
Même si le chiffre du seul mois de septembre est en repli par rapport à août, "la somme de ces catégories A, B et C a une tendance plutôt haussière (en moyenne sur trois mois le point de septembre est le plus haut historique)", en lien avec une dynamique macroéconomique réduite, observe Philippe Waechter, chef économiste de Natixis Asset Management, dans une note publiée sur son blog.
Selon lui, "comme on ne peut pas s’attendre à une impulsion forte sur l'activité au cours des prochains mois, il est probable que la dégradation du marché du travail vue à travers les chiffres de Pôle emploi a de fortes chances de se poursuivre".
PAS D'"EFFET FORMATION"
En ce qui concerne la catégorie D, qui regroupe les demandeurs d'emploi non tenus de rechercher un emploi, en raison par exemple d'une formation ou d'une maladie, se maintient au-dessus du seuil de 300.000 personnes qu'elle a franchi pour la première fois en juin.
Le nombre d'inscrits dans cette catégorie reste relativement stable, avec un reflux de 0,2% sur un mois, mais il affiche un bond de 16,4% sur un an, sous l'effet du plan de 500.000 formations supplémentaires pour les demandeurs d'emploi annoncé par François Hollande mi-janvier.
Pour la ministre du Travail Myriam El Khomri, cette stabilité du nombre d'inscrits en catégorie D reflète le fait que le dynamisme des entrées en formation est compensé par une augmentation concomitante du nombre de sorties de formation. "La baisse globale du nombre d’inscrits à Pôle emploi au mois de septembre est donc essentiellement liée à l’amélioration du retour à l’emploi", indique-t-elle dans un communiqué.
La baisse du mois de septembre a concerné toutes les catégories d'âge mais a davantage profité aux moins de 25 ans. Pour la seule catégorie A, en évolution sur un mois, le nombre d'inscrits à Pôle emploi baisse de 5,3% chez les jeunes, abandonne 1,7% chez les 25-49 ans mais cède seulement 0,2% chez les 50 ans et plus.
Sur un an, la tendance reste à la baisse chez les jeunes (-7,0%) et les 25-49 ans (-2,0%), mais le nombre total de chômeurs chez les seniors progresse de 2,4%.
Le nombre de chômeurs inscrits depuis plus d'un an à Pôle emploi, considérés comme chômeurs de longue durée, s'inscrit en légère baisse de 0,3% en septembre, à 2.415.500, un plus bas depuis août 2015. Il régresse également de 0,5% sur un an.
A la différence de l'évolution irrégulière du nombre de demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi, le taux de chômage selon les critères du Bureau international du travail (BIT), qui permet les comparaisons internationales, est orienté à la baisse depuis l'automne 2015.
Au deuxième trimestre, il s'établissait à 9,6% de la population active en France métropolitaine et à 9,9% en incluant les départements d'Outre-mer.
(Myriam Rivet, avec Leigh Thomas, édité par Yves Clarisse)