(Reuters) - La croissance économique de la zone euro ne donne aucun signe probant indiquant un rebond à court terme, a déclaré lundi le président de la Banque centrale européenne (BCE), justifiant ainsi la posture très accommodante affichée par son institution.
"Les données récentes et les indicateurs avancés, comme les nouvelles commandes à l'export du secteur manufacturier, ne montrent aucun signe probant d'un rebond de la croissance dans un avenir proche et l'équilibre des risques pesant sur les perspectives de croissance reste orienté à la baisse", a dit Mario Draghi devant la commission des affaires économiques du Parlement européen.
Quelques heures avant qu'il ne prenne la parole, les premiers résultats des enquêtes mensuelles d'IHS Markit auprès des directeurs d'achats (PMI) ont montré une contraction plus marquée qu'anticipé de l'activité manufacturière dans la zone euro et une dégradation de la croissance de celle des services.
La BCE s'est engagée ce mois-ci à procéder à nouveau à des rachats d'actifs "aussi longtemps que nécessaire" et a enfoncé son taux de dépôt un peu plus bas en territoire négatif dans le but de redonner de la vigueur à une économie de la zone euro en difficulté.
Les services résistent pour l'instant mais un affaiblissement prolongé des secteurs exposés à l'exportation risquerait de les contaminer, a ajouté Mario Draghi.
"Plus longtemps durera la faiblesse du secteur manufacturier, plus grand sera le risque de voir les autres pans de l'économie affectés par le ralentissement", a-t-il ajouté.
La BCE ayant utilisé une bonne partie de ses munitions pour tenter de relancer l'activité et soutenir les prix, le président de la BCE a appelé une nouvelle fois la politique budgétaire à prendre le relais de la politique monétaire.
"La BCE n'agit pas dans une bulle et d'autres politiques économiques ont également de l'importance", a-t-il dit, suggérant qu'un instrument aussi puissant que le budget fédéral des Etats-Unis avait son rôle à jouer dans la maîtrise des cycles économiques.
Le mandat de Mario Draghi expire fin octobre et Christine Lagarde, qui lui succédera à la tête de l'institution de Francfort, devrait prendre le relais en appelant elle aussi les gouvernements à opter pour la relance budgétaire.
(Balasz Koranyi et Francesco Canepa, Patrick Vignal pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot)