Par David Wagner
Investing.com - Des millions d'Américains ont déjà perdu leur emploi à cause de la crise liée à la pandémie de coronavirus, mais le pire des dégâts est encore à venir, selon une récente estimation de la Fed.
Les économistes de la Fed de St. Louis prévoient en effet une réduction totale de 47 millions d'emplois, ce qui se traduirait par un taux de chômage de 32,1 %.
Les projections sont encore pires que l'estimation de 30 % du président de la Fed de St. Louis, James Bullard, qui a fait couler beaucoup d'encre la semaine dernière. Elles reflètent la forte proportion d'emplois à risque qui pourraient être perdus en raison d'una paralysie économique provoquée par le gouvernement et visant à stopper la propagation du coronavirus.
"Ce sont des chiffres très importants par rapport aux normes historiques, mais il s'agit d'un choc assez unique qui ne ressemble à aucun autre que l'économie américaine a connu au cours des 100 dernières années", a écrit l'économiste de la Fed de St Louis, Miguel Faria-e-Castro.
Il y a cependant quelques réserves importantes aux calculs de Faria-e-Castro : Ils ne tiennent pas compte des travailleurs qui pourraient quitter la population active, ce qui ferait baisser le taux de chômage global, et ils n'estiment pas l'impact des mesures de relance récemment adoptées par le gouvernement, qui prolongeront les allocations de chômage et subventionneront les entreprises qui ne réduiront pas leurs effectifs.
Cependant, les premières statistiques disponibles confirment un impact dévastateur du coronavirus sur le marché de l'emploi US.
En effet, un nombre record de 3,3 millions d'Américains ont déposé des demandes initiales d'allocations de chômage pour la semaine s'étant terminée le 21 mars, et le consensus des économistes table sur environ 3 millions d'inscriptions supplémentaires cette semaine (les chiffres sont attendus jeudi).
Le rapport NFP sur les emplois non agricoles pour mars attendu vendredi devrait quant à lui faire état de “seulement” 100.000 destructions d'emplois, mais la période d'échantillonnage pour le décompte a eu lieu avant que le gouvernement ne mette en place des pratiques de distanciation sociale, et il faudra donc s'attendre à des chiffres bien pires le mois prochain.
Notons que les calculs de Faria-e-Castro se basent sur des recherches précédentes de la Fed montrant que 66,8 millions de travailleurs exercent des "professions à haut risque de licenciement". Il s'agit de la vente, de la production, de la préparation des aliments et des services. D'autres recherches ont également identifié 27,3 millions de personnes occupant des emplois à "forte intensité de contact", tels que les coiffeurs et les stylistes, les agents de bord et les services de restauration, les premiers emplois qui ont été suspendus face aux mesures de confinement.
Le document a ensuite calculé une moyenne de ces travailleurs et a estimé une perte d'un peu plus de 47 millions d'emplois. Cela porterait le nombre de chômeurs américains à 52,8 millions, soit plus de trois fois plus que le pic de la Grande Récession. Le taux de chômage de 30 % serait également supérieur au pic de 24,9 % de la Grande Dépression.