Investing.com - Face aux multiples incertitudes qui planent sur l’économie et les marchés, ’investisseur milliardaire Jeffrey Gundlach, surnommé le “Roi des Obligations”, s’inquiète comme beaucoup d’autres d’une potentielle crise économique majeure aux États-Unis.
S’exprimant dans une interview accordée mercredi soir à CNBC, il a en effet mis en garde contre l’impact de taux plus élevés pour plus longtemps, qui rendent le déficit fédéral actuel - qui atteindra près de 1 700 milliards de dollars en 2023 - "totalement insoutenable" selon lui.
"Des taux d'intérêt plus élevés pendant plus longtemps signifient que nous avons un énorme problème de dépenses d'intérêts dans ce pays qui sera, je pense, la prochaine crise financière", a en effet déclaré l’investisseur.
Rappelons en effet que les dépenses budgétaires américaines atteignant des niveaux sans précédent, le Trésor américain devrait emprunter plus de 1 000 milliards de dollars par le biais de bons du Trésor à court terme d'ici à la fin de 2023, le gouvernement cherchant à constituer ses réserves de liquidités.
Par ailleurs, il faut relever que la charge de la dette (les intérêts sur les emprunts d’État) a doublé entre 2015 et 2023, et certains économistes prévoit qu’elle constituera le principal poste de dépense du gouvernement d’ici à 2051.
En ce qui concerne les investissements à privilégier dans ce contexte de taux élevés, Gundlach a déclaré qu'il n'était pas favorable à la conservation d'une grande quantité de liquidités, malgré les rendements élevés de ces dernières à l'heure actuelle.
"Je pense que les taux vont baisser lorsque nous entrerons en récession au début de l'année prochaine", a-t-il prédit. “Je n'aime pas les liquidités parce que je pense que le taux d'intérêt, qui est actuellement très attractif, pourrait baisser de manière substantielle l'année prochaine” a-t-il ajouté.
Il recommande donc de se tourner vers les obligations à court terme pour obtenir des rendements élevés :
"Je préférerais investir dans des titres d'une durée de deux à trois ans. Au moins, vous obtenez un rendement d'environ 8 % pendant plus de six mois", a-t-il déclaré.
De plus, alors que les marchés à terme de taux suggèrent que la Fed réduira ses taux d'environ 50 points de base l'année prochaine, Gundlach prévoit que la banque centrale ira bien plus loin :
"Je pense que les taux resteront élevés plus longtemps, ce qui n'est pas mon scénario de base, mais je reconnais que c'est une possibilité, mais si l'économie tourne comme je le prévois, la Fed ne réduira pas les taux de 50 points de base, elle les réduira de 200 points de base", a-t-il expliqué.
Enfin, soulignons que Gundlach est loin d’être le seul grand nom de la finance à avoir averti d’une potentielle crise liée à la dette US et au niveau élevé des taux. Jamie Dimon, patron de JPMorgan (NYSE:JPM), et les investisseurs milliardaires Stanley Druckenmiller et Ray Dalio ont tous également tiré la sonnette d'alarme ces derniers mois à propos du déficit.
Un autre nom plus controversé, Peter Schiff, s’est également exprimé cette semaine à propos de la dette US, qu’il a qualifié de “pyramide de Ponzi” prête à imploser qui déclenchera une crise financière pire que celle de 2008, et potentielle plus grave que celle des années 30.