par Maja Zuvela
SID, Serbie (Reuters) - Environ 5.650 migrants sont entrés en Croatie depuis la fermeture de la route reliant la Serbie à la Hongrie mardi, a déclaré jeudi la police croate.
La police fédérale allemande rapporte pour sa part que le nombre de réfugiés parvenus mercredi en Allemagne a plus que doublé pour atteindre 7.266 personnes. "La plupart d'entre eux ont été recueillis à la frontière austro-allemande", a déclaré une porte-parole. Le nombre de ces réfugiés s'était élevé à 3.442 la veille.
Le dernier chiffre officiel fourni mercredi soir par la police croate était d'environ 1.500 personnes.
Le ministre croate de l'Intérieur a déclaré que Zagreb pourrait envisager de nouvelles mesures si le nombre de migrants augmentait.
"La police croate contrôle totalement la frontière mais si les migrants continuent d'arriver de Serbie en grand nombre, nous devrons envisager d'autres moyens de gérer la situation", a dit Ranko Ostojic mercredi soir lors d'une visite dans l'est de la Croatie.
Il n'a pas donné de détails, tout en indiquant que l'Union européenne pourrait devoir mettre en place des centres d'accueil et d'identification ("hot spots") avant que les migrants parviennent en territoire croate.
La Croatie dit pouvoir gérer un afflux de plusieurs milliers de personnes, mais pas de plusieurs dizaines de milliers. Les migrants sont pour l'heure acheminés jusqu'à des centres d'accueil proches de Zagreb, la capitale.
"AUCUN MUR QUE L'ON NE PUISSE ESCALADER"
Le Premier ministre croate, Zoran Milanovic, a rencontré jeudi le chancelier autrichien, Werner Faymann, pour s'entretenir de la crise migratoire.
"Nous nous sommes accordés sur un certain nombre de points", a dit Zoran Milanovic lors d'une réunion du gouvernement. "L'Autriche est un pays plus grand, mais ils ont aussi des limites à respecter", a-t-il ajouté. "Si le nombre de migrants continue d'augmenter, je ne suis pas sûr que nous soyons en mesure de tous les enregistrer."
Un grand nombre des migrants entrés en Croatie arrivent de la frontière serbo-hongroise où leur route a été bloquée par la police anti-émeutes, par la clôture érigée par Budapest. Des affrontements y ont opposé mercredi des centaines de migrants aux forces de l'ordre qui les empêchaient d'entrer sur le sol hongrois.
La diminution du flux de migrants transitant par la Hongrie pour se rendre vers l'Autriche a permis à la société autrichienne des chemins de fer ÖBB d'annoncer que le trafic serait rétabli vendredi entre les deux pays, dans les deux sens.
Le commissaire européen chargé de la migration, des affaires intérieures et de la citoyenneté, Dimitris Avramopoulos, a jugé jeudi que l'érection de la clôture par la Hongrie n'était qu'une solution temporaire dont le seul effet est de détourner le flux de migrants vers d'autres pays et d'autres routes.
"La majorité de ceux qui arrivent en Europe sont des Syriens qui ont besoin de notre aide", a dit Dimitris Avramopoulos lors d'une conférence de presse organisée avec les ministres hongrois de l'Intérieur et des Affaires étrangères.
"Il n'existe aucun mur que l'on ne puisse escalader, aucune mer que l'on ne puisse traverser lorsqu'on fuit la violence et la terreur", a-t-il dit. "Nous avons un devoir moral de leur offrir notre protection."
(Avec Igor Ilic à Zagreb et Ivana Sekularac à Horgos, Jean-Stéphane Brosse et Nicolas Delame pour le service français)