(Reuters) - Le journaliste Roman Protassevitch, arrêté par la Biélorussie alors qu'il était à bord d'un vol commercial, est apparu jeudi à la télévision publique pour confesser, en larmes, son rôle dans les manifestations antigouvernementales, un entretien dont l'opposition estime qu'il a été effectué sous la contrainte.
Dans ce qui constituait sa troisième apparition publique depuis que Minsk a contrait un avion de la compagnie Ryanair (LON:RYA) à atterrir pour procéder à son arrestation, le 23 mai, Roman Protassevitch a admis avoir comploté dans le but de faire chuter le président Alexandre Loukachenko, en organisant des "émeutes".
"C'est douloureux de voir ces 'confessions'. Ses parents croient savoir qu'il a été torturé. Ce n'est pas le Roman que je connais", a déclaré un haut conseiller de la chef de l'opposition biélorusse en exil, Svetlana Tsikhanouskaïa.
Roman Protassevitch est l'"otage du régime", a ajouté Franak Viacorka sur Twitter (NYSE:TWTR), appelant à faire "tout ce qui est possible pour le libérer ainsi que les 460 autres prisonniers politiques".
Aucun commentaire n'a été obtenu dans l'immédiat auprès des services de la présidence.
Dans sa première déclaration publique depuis l'arrestation du journaliste, la semaine dernière, Alexandre Loukachenko a accusé les Occidentaux de vouloir nuire à la Biélorussie, assurant que son pays avait agi dans le respect du droit international.
L'incident a provoqué des critiques de la communauté internationale. L'Union européenne, qui a recommandé aux compagnies européennes d'éviter l'espace aérien biélorusse, prépare de nouvelles sanctions contre Minsk.
Les autorités biélorusses présentent Roman Protassevitch comme un extrémiste ayant incité à la violence. Elles assurent que les confessions télévisées de membres de l'opposition sont effectuées de manière volontaire.
"J'admets ma culpabilité dans l'organisation d'actions massives non autorisées", a dit Roman Protassevitch dans l'entretien, faisant l'éloge d'Alexandre Loukachenko et disant avoir conscience que ses soutiens devraient lui tourner le dos.
"J'ai beaucoup critiqué Alexandre Loukachenko, mais quand je me suis impliqué davantage dans des questions politiques, j'ai commencé à comprendre qu'il faisait les bons choix et je le respecte", a dit le journaliste dans une vidéo de 90 minutes.
(Matthias Williams et Andrey Ostroukh; version française Jean Terzian)