Par David Wagner
Investing.com – Face aux conséquences économiques désastreuses de la pandémie, la Chine a pris la décision de ne pas fixer d'objectif pour sa croissance économique cette année en raison des incertitudes quant à l'impact du coronavirus, une première pour le pays.
Face à ces annonces, quelques remous ont été constatés sur les marchés, avec notamment un plongeon du pétrole brut WTI, qui recule actuellement de 5.4% à $32.09 après avoir perdu jusqu'à 9.5% au creux de la nuit à $30.74.
Les futures sur les indices US baissent également, mais dans une moindre mesure avec un recul de 0.56% des contrats à terme sur le S&P 500.
Sur le Forex, les devises refuges telles que le Dollar et le Yen s'affichent en hausse face aux commentaires prudents de la Chine, ce qui a notamment entrainé une chute de l'EUR/USD, et de l'USD/JPY.
"Je tiens à souligner que nous n'avons pas fixé d'objectif spécifique pour la croissance économique cette année", a déclaré le Premier ministre chinois Li Keqiang dans un texte en anglais du rapport de travail qu'il doit remettre vendredi.
"Cela est dû au fait que notre pays sera confronté à certains facteurs difficiles à prévoir dans son développement en raison de la grande incertitude concernant la pandémie de covid 19 et l'environnement économique et commercial mondial", a déclaré M. Li.
Ces remarques s'inscrivent dans le cadre de la réunion parlementaire annuelle de la Chine, qui a été retardée d'environ deux mois cette année en raison de l'épidémie de coronavirus qui a débuté en Chine l'année dernière et qui s'est depuis répandue dans le monde entier.
Notons que l'absence de prévisions de croissance 2020 pour la Chine rompt avec des décennies d'habitudes de planification du parti communiste et constitue une preuve de la rupture profonde que la pandémie a provoquée.
"La reprise naissante de la demande est encore vulnérable, et la chute des prix aujourd'hui est une injection de la réalité", a déclaré Victor Shum, vice-président du conseil en énergie chez IHS Markit à Singapour, à propos de la réaction du pétrole.
"Si la Chine ne se fixe pas d'objectif de PIB, c'est qu'elle n'est pas encore tout à fait sûre de la reprise" a-t-il estimé.
Cette incertitude sur la croissance chinoise pose également un autre problème, à savoir la possibilité que la Chine ne remplissent pas ses engagements de la phase 1 de l'accord commercial signé avec les Etats-Unis en début d'année, ce qui pourrait signifier une annulation de l'accord et un retour de la guerre commerciale, étant donné que Donald Trump a déjà prévenu qu'il ne renégocierait ou n'aménagerait pas les termes de cet accord.
Rappelons que l'on sait déjà que l'économie chinoise s'est contractée de 6,8 % au premier trimestre, tandis que le chômage est resté proche des sommets historiques. Bien que les données aient montré une certaine reprise en avril, les responsables ont publiquement fait part de leurs inquiétudes quant à un ralentissement de la croissance dû à la propagation du "coronavirus" à l'étranger.
Les économistes ont réduit leurs prévisions de croissance pour le PIB officiel - un chiffre dont beaucoup d'entre eux doutent souvent. Fin mars, la China International Capital Corporation (CICC), basée à Pékin, a notamment revu à la baisse son estimation de la croissance du PIB réel 2020 à 2,6 %, contre 6,1 % auparavant.
Enfin, on notera qu'au cours de la cérémonie d'ouverture de l'Assemblée populaire nationale qui se tiendra ce vendredi, les dirigeants devraient également présenter les priorités du gouvernement, le budget de la défense du pays, ainsi que les plans visant à accroître le déficit budgétaire et à augmenter la dette des collectivités locales, des détails qui pourraient influencer le sentiment des investisseurs sur les marchés financiers.